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Trump assouplit les visas américains pour le Ghana en échange discret d’une coopération migratoire

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« Nous n’agissons que pour des raisons humanitaires », a assuré le ministre ghanéen des Affaires étrangères, Samuel Okudzeto Ablakwa, en réponse aux critiques sur l’accueil de migrants expulsés des États-Unis vers son pays. Mais derrière cette justification officielle, une dynamique plus complexe se dessine entre Accra et Washington.

 

En l’espace de quelques semaines, le Ghana est devenu une pièce maîtresse de la stratégie migratoire de Donald Trump. Depuis début septembre, quatorze ressortissants ouest-africains – originaires du Nigeria, du Mali, du Togo, du Liberia et de la Gambie – ont été débarqués à Accra après avoir traversé l’Atlantique sous escorte, certains enchaînés dans des vols de seize heures. La plupart n’ont pourtant aucun lien avec le Ghana, utilisé comme simple point de transit avant leur renvoi vers leur pays d’origine.

 

Une levée de restrictions qui interroge

 

Cette coopération controversée survient alors même que Washington vient de rétablir des conditions de visas avantageuses pour les Ghanéens : retour des autorisations de cinq ans, à entrées multiples, après plus d’un an de restrictions sévères. Officiellement, aucune contrepartie financière n’a été versée à Accra. Mais la simultanéité des deux annonces nourrit les soupçons d’un marché tacite entre les deux capitales.

 

Le détour autour des juges américains

 

Ce mécanisme contourne en partie les décisions des tribunaux d’immigration américains. Certains des migrants expulsés avaient obtenu une protection contre leur renvoi direct, jugé trop dangereux. Les faire transiter par le Ghana permet à l’administration Trump de déléguer l’expulsion, sans enfreindre formellement les ordonnances judiciaires. « C’est un détournement habillé de légalité », a résumé un avocat de la défense migratoire cité par la presse américaine.

 

Une stratégie exportée en Afrique

 

Le Ghana n’est pas seul dans ce rôle. Le Rwanda, l’Eswatini et le Soudan du Sud participent déjà à ce type de sous-traitance migratoire, qui redéfinit les relations entre les États-Unis et certains pays africains. Pour Accra, l’accord intervient après une période de tension : en juin dernier, le pays avait été sanctionné par Washington pour un taux élevé de dépassement de visas étudiants (21 %, au-dessus du seuil américain de 15 %). Les restrictions imposées alors pesaient lourdement sur les étudiants et les entrepreneurs ghanéens.

 

Des conséquences humaines alarmantes

 

Derrière la géopolitique, les drames individuels s’accumulent. L’un des expulsés, bisexuel, redoute désormais pour sa vie en Gambie, où l’homosexualité est criminalisée. Plusieurs témoignages évoquent aussi des conditions d’expulsion brutales : détentions prolongées, absence d’informations sur la destination finale, vols sous contrainte physique.

 

Vers un précédent dangereux ?

 

En échange d’un allègement de ses visas, le Ghana accepte d’assumer le rôle de « hub migratoire » pour les États-Unis. Une pratique qui pourrait inspirer d’autres pays africains en quête de bénéfices diplomatiques ou économiques. Mais pour les défenseurs des droits humains, le risque est clair : institutionnaliser ce modèle reviendrait à légitimer la délocalisation de la répression migratoire américaine sur le continent africain.

 

Source Afrik.com

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