Sommet de la CEDEAO : à Abuja, l’heure du bilan et des réformes profondes

« Tout le monde est d’accord sur le fait que des changements doivent être opérés », affirme Gilles Yabi, directeur du think tank WATHI, à la veille du sommet crucial des chefs d’État ouest-africains à Abuja.

Réunis ce dimanche dans la capitale nigériane, les dirigeants des pays membres de la CEDEAO marqueront les 50 ans de l’organisation dans un contexte de turbulences politiques, sécuritaires et institutionnelles. À la veille du sommet, les appels à la réforme se multiplient. Parmi eux, celui du ministre béninois des Affaires étrangères, Olushégun Bakari, qui plaide pour une réorganisation en profondeur de l’institution sous-régionale.

Pour Gilles Yabi, analyste politique et fondateur du think tank WATHI, cette remise en question traduit une prise de conscience collective : « Après un demi-siècle d'existence, la CEDEAO affiche des réussites indéniables mais aussi des faiblesses structurelles. Il est temps de revoir son mode de fonctionnement. »

Leadership affaibli, cohésion fragile

Si la libre circulation ou l’harmonisation douanière font figure de succès, les critiques restent vives sur le manque de cohésion entre États membres et l’absence de leadership régional fort. En cause, selon Yabi : un Nigeria affaibli, pris dans ses propres défis sécuritaires et économiques, et qui peine à jouer son rôle moteur. « Quand le Nigeria vacille, c’est toute la CEDEAO qui s’essouffle », souligne-t-il.

Autre limite pointée : l’incapacité de l’organisation à prévenir les dérives constitutionnelles ou à renforcer les garde-fous démocratiques. À ce jour, rien n’empêche un gouvernement de proposer une nouvelle Constitution, même par voie référendaire, pour se maintenir au pouvoir.

À Abuja, les chefs d’État auront donc à trancher : poursuivre dans un modèle en perte de crédibilité, ou amorcer une réforme profonde à la hauteur des attentes des peuples ouest-africains.

Oura KANTÉ

Malikunafoni