Régulariser les sans-papiers : un pari à 3 milliards d’euros selon France terre d’asile
- malikunafoninet
- 8 nov.
- 2 min de lecture

« Notre politique migratoire actuelle est un double gâchis : humain et financier. » C’est avec ces mots que Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France terre d’asile, a défendu une étude qui relance le débat sur la régularisation des travailleurs sans-papiers. Selon le rapport dévoilé vendredi dans L’Humanité, une telle mesure pourrait rapporter jusqu’à 3,3 milliards d’euros par an à l’État français.
Un changement de cap « rentable »
Alors que le Parlement débat du budget 2026, l’ONG plaide pour une rupture avec les politiques de lutte contre l’immigration irrégulière, jugées coûteuses et inefficaces.
Elle estime que la France pourrait économiser plusieurs centaines de millions d’euros en réduisant les expulsions et le recours aux centres de rétention administrative. La suppression des OQTF (obligations de quitter le territoire) permettrait à elle seule de récupérer environ 40 millions d’euros, tandis qu’une rétention « plus ciblée » dégagerait 219 millions supplémentaires.
Mais l’essentiel du gain viendrait d’une mesure phare : la régularisation de 250 000 travailleurs sans-papiers, qui, une fois déclarés, verseraient cotisations sociales et impôts. France terre d’asile y voit une « politique migratoire plus humaine et économiquement efficace ».
Une vision contestée
L’étude ne fait toutefois pas l’unanimité. Certains économistes dénoncent des projections trop optimistes, ignorant les effets à long terme d’une politique d’accueil plus généreuse.
Le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez rappelait récemment que la France compterait déjà environ 700 000 personnes en situation irrégulière, un chiffre susceptible d’augmenter si la régularisation devenait plus large.
De son côté, l’Observatoire de l’immigration et de la démographie (OID) défend une analyse diamétralement opposée. Dans une étude citée par Le Figaro, l’institution estime que l’immigration coûte 3,4 % du PIB français chaque année, en raison notamment d’un taux d’emploi inférieur de sept points chez les immigrés et d’un recours plus important aux prestations sociales.
Son directeur, Nicolas Pouvreau-Monti, juge ainsi qu’« encourager une immigration de travail supplémentaire ne serait pas bénéfique pour les finances publiques ».
Entre humanité et calcul budgétaire
Le débat entre logique humanitaire et rationalité économique reste entier. Si les partisans de la régularisation voient dans cette mesure une source d’équité et de recettes nouvelles, ses détracteurs redoutent un effet d’appel d’air et un déséquilibre durable des finances publiques.
En toile de fond, une question persiste : la France peut-elle se permettre de faire de la solidarité un investissement rentable ?
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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