Rodez : des gilets jaunes relancent la contestation après la nomination du Premier ministre

« On n’en peut plus de ne pas être entendus », lâche Laetitia, comédienne ruthénoise de 47 ans, installée au rond-point de la Gineste. Comme une centaine et demie de manifestants, elle s’est rassemblée mardi à l’entrée de Rodez pour exprimer son rejet du nouveau gouvernement. La nomination du Premier ministre, jugé trop marqué à droite, a servi d’étincelle.

Sous un soleil encore chaud de septembre, les drapeaux syndicaux de la CGT et de Solidaires côtoient les pancartes improvisées des gilets jaunes. La circulation est presque paralysée, mais sans heurts : automobilistes et routiers patientent, parfois en échangeant un signe de solidarité avec les protestataires. Sur le bitume, certains jouent au ballon, d’autres discutent avec les forces de l’ordre qui surveillent les abords.

Pour Jonathan, ex-libraire de 53 ans, le rendez-vous va bien au-delà d’une simple colère sociale : « C’est une façon de se retrouver, de recréer du lien, alors qu’on vit une période délétère. Être ensemble est devenu presque un luxe. »

La mobilisation attire aussi des plus jeunes. Nilo Gonzales, lycéen de Decazeville, est venu avec son père, un drapeau palestinien sur les épaules. Première manifestation politique pour cet adolescent habitué aux rassemblements festifs : « Ce gouvernement, c’est du n’importe quoi ! La droite n’a pas gagné, et pourtant elle revient aux commandes. On veut être écoutés. »

Autour d’une table installée sur le terre-plein, une boîte recueille les « doléances populaires ». Plus loin, des paysans offrent un plat de riz aux légumes. La musique, de HK à Angèle, rythme l’après-midi.

Si la mobilisation reste locale, les participants espèrent qu’elle s’inscrira dans une dynamique plus large. « On ne va pas s’arrêter là », promet un militant syndical, déjà tourné vers un prochain rendez-vous national.

Le monde

Oura KANTÉ

Malikunafoni