« Nous devons tourner la page sans l’oublier » : Paris et Alger s’essaient à la réconciliation
- malikunafoninet
- 28 oct.
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Après plusieurs mois de tensions et de méfiances mutuelles, un vent nouveau semble souffler entre Paris et Alger. Depuis la formation du gouvernement Lecornu 2, la diplomatie française s’est engagée sur une ligne plus apaisée vis-à-vis de l’Algérie, marquant un changement de ton notable après les crispations du premier semestre 2025.
Fin de l’ère Retailleau, début d’un apaisement
L’éviction de Bruno Retailleau, ancien ministre de l’Intérieur, a symbolisé la fin d’une période où la fermeté visait autant la politique étrangère que les ambitions présidentielles. Son départ, jugé salutaire par plusieurs diplomates, a ouvert la voie à une approche « moins électoraliste, plus diplomatique », selon un conseiller de l’Élysée.
Le nouveau chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, prône désormais un dialogue « fondé sur la raison et le respect ». À Alger, son homologue salue un « ton nouveau » et appelle à « bâtir une confiance durable ».
Mémoire partagée : un geste fort à Paris
Le signal le plus marquant est venu du champ mémoriel. Le 17 octobre, l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a participé à Paris aux commémorations du massacre du 17 octobre 1961, au cours duquel des dizaines de manifestants algériens furent tués par la police française.
Un geste hautement symbolique, salué des deux rives de la Méditerranée. Pour nombre d’observateurs, cette présence marque une reconnaissance implicite : les blessures de l’histoire doivent être affrontées ensemble. Ce moment de recueillement, longtemps jugé trop sensible, incarne un changement discret mais réel dans la manière dont Paris aborde son passé colonial.
La Francophonie comme passerelle culturelle
Autre signe de détente : la nomination d’Éléonore Caroit au poste de ministre déléguée chargée de la Francophonie. Une désignation perçue comme une main tendue vers Alger, où la langue française reste un outil de création et d’échanges, bien plus qu’un vestige colonial.
Des projets concrets sont déjà en gestation : coproductions audiovisuelles, échanges universitaires, résidences d’artistes, mais aussi partenariats scientifiques et environnementaux. Une manière, selon un diplomate algérien, de « redonner à la langue un rôle d’union, pas de domination ».
Des relations à reconstruire
Il y a encore quelques mois, les deux pays s’étaient enfermés dans une spirale de tensions. Expulsions de diplomates, rappel d’ambassadeur, polémiques sur les visas : autant d’épisodes qui avaient gelé le dialogue.
Aujourd’hui, la volonté de renouer semble partagée. Paris veut tourner la page des postures politiques internes, tandis qu’Alger mise sur une coopération pragmatique autour des défis migratoires, économiques et climatiques.
Une réconciliation à confirmer
Le rapprochement reste fragile, mais il ouvre des perspectives. Les visites ministérielles pourraient reprendre d’ici la fin de l’année, tout comme les dialogues consulaires et coopérations universitaires.
Entre la France et l’Algérie, il ne s’agit pas seulement de diplomatie : ce sont deux peuples liés par la mémoire, la langue et des millions de vies croisées.
« Ce n’est pas une réconciliation d’État, c’est une réconciliation de société », confie un universitaire algérien. Une manière de rappeler que l’histoire commune, parfois douloureuse, demeure aussi un terrain d’avenir partagé.
Source Afrik.com
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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