Nigeria : quand la bataille des récits oppose le ministre Tuggar au journaliste Piers Morgan
- malikunafoninet
- 15 nov.
- 2 min de lecture

« La vérité sur le Nigeria ne doit pas être façonnée pour correspondre à des préjugés étrangers. » C’est par cette phrase tranchante que le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Tuggar, a remis en cause les perceptions – et les accusations – qui circulent depuis les déclarations du président américain Donald Trump sur de supposés « meurtres de chrétiens » dans le pays.
Depuis début novembre, les propos du chef de la Maison Blanche, évoquant des « massacres » imputés à des « terroristes islamistes », ont rallumé un débat explosif autour de la situation sécuritaire au Nigeria. Mais à Abuja, on dénonce une lecture biaisée et une généralisation abusive d’un conflit complexe, où tensions communautaires, banditisme armé, et insurrections locales s’entremêlent depuis plus d’une décennie.
Une interview sous haute tension
Face à ce qu’il considère comme une « narration erronée », Yusuf Tuggar a accepté un entretien avec le journaliste britannique Piers Morgan, figure médiatique connue pour ses interviews musclées. Le ministre affirme avoir fourni « des données vérifiables » pour rectifier l’image du Nigeria. Surtout, il exige désormais que l’intégralité de l’enregistrement soit diffusée, sans coupe ni montage, au nom de « l’intégrité » du débat public.
Cette demande, pourtant habituelle dans les relations avec certaines chaînes internationales, a immédiatement déclenché une réaction cinglante de Piers Morgan. Selon lui, l’attitude du ministre serait le signe d’une « panique » face aux questions qui lui ont été posées.
Piques, sarcasmes et “garçons de Chibok”
La confrontation, largement commentée sur les réseaux sociaux, a viré à un échange de piques très personnelles. Morgan a assuré que l’émission Uncensored diffuserait tous les propos du ministre, tout en laissant planer le doute : « Reste à savoir si les gens croiront ce que vous avez dit. »
Tuggar n’a pas tardé à répliquer, affirmant être « parfaitement calme » et glissant une remarque ironique sur les références répétées du journaliste britannique aux « garçons de Chibok ». Un rappel indirect à l’enlèvement retentissant de 2014, symbole mondial des exactions de Boko Haram. « Bravo pour vos recherches », a-t-il lancé, dans une réponse où le sarcasme se mêlait clairement à l’agacement.
Une interview encore sous scellés
Alors que l’enregistrement n’a pas encore été rendu public, l’affaire illustre une nouvelle fois la sensibilité extrême autour des représentations internationales de la crise sécuritaire nigériane. Entre accusations extérieures, communication politique et bataille d’image, Abuja semble décidé à reprendre la main.
La diffusion à venir de l’interview dira si cette stratégie paie — ou si elle ouvre un nouveau front médiatique pour un pays déjà sous les projecteurs.
SENEWEB
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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