Niger : un verdict qui « laisse planer une menace », selon un diplomate ivoirien
- malikunafoninet
- 25 nov.
- 2 min de lecture

« Nous craignons qu’il ne soit envoyé au Burkina Faso. » Cette mise en garde discrète d’un diplomate ivoirien, recueillie à Niamey après le jugement, résume la tension qui entoure désormais le sort de Serge Mathurin Adou. Le journaliste nigéro-ivoirien a été condamné vendredi 21 novembre à deux ans de prison ferme, une décision qui ravive les inquiétudes autour des rivalités politiques au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Un dossier né d’une disparition inexpliquée
L’affaire remonte à septembre 2024. Ce 1er septembre, Adou quitte son domicile de Niamey pour répondre à une convocation policière. Il n’y reviendra pas. Pendant plus de deux mois, sa famille ignore où il se trouve. Ce n’est que le 11 novembre que les autorités nigériennes officialisent son inculpation avant de le transférer à la prison civile de Birni N’Gaouré.
Selon les autorités burkinabè, qui avaient accusé publiquement le journaliste fin septembre, Adou aurait participé à un « complot » visant à déstabiliser le régime du capitaine Ibrahim Traoré. Niamey, allié de Ouagadougou au sein de l’AES, a donné suite à ces allégations en le poursuivant pour « atteinte à la sûreté de l’État ».
Un jugement sous influence politique
La condamnation tombe dans un climat diplomatique chargé. Depuis le coup d’État burkinabè de 2022, les relations entre Abidjan et Ouagadougou se sont dégradées, notamment sur les questions sécuritaires et les accusations mutuelles d’ingérence.
Dans ce contexte, le procès d’un journaliste ivoirien sur le sol nigérien devient un dossier éminemment politique. Abidjan, mis devant le fait accompli, a dû dépêcher son consul honoraire à Niamey. Celui-ci assure que le détenu « se porte bien », mais reconnaît, sous couvert de prudence, redouter toute tentative de transfert vers le Burkina Faso.
Après la sentence, un avenir incertain
Désormais fixé sur sa peine, Serge Mathurin Adou ignore encore où il la purgera. Le Niger peut décider de le garder dans ses établissements pénitentiaires, mais Ouagadougou pourrait demander son extradition au nom d’une procédure liée au « complot » présumé.
Pour les autorités ivoiriennes, un éventuel transfert serait un scénario à haut risque, d’autant que plusieurs organisations comme Reporters sans Frontières ont récemment alerté sur le traitement réservé aux journalistes au Burkina Faso, certains ayant été portés disparus ou forcés à collaborer avec l’armée.
Et maintenant ?
Alors que les avocats mandatés par Abidjan étudient la possibilité d’un recours, Niamey reste silencieux sur la suite des procédures.
Le dossier Adou pourrait devenir un nouveau test pour la coopération et les tensions entre les capitales de l’AES. Une affaire qui, au-delà d’un verdict, interroge la place des journalistes dans une région où l’espace civique semble se rétrécir de jour en jour.
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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