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Municipales 2026 : fatigue palpable mais envie d’agir intacte chez une majorité de maires

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« On pensait que la lassitude l’emporterait, mais c’est l’inverse qui se produit », glisse Martial Foucault, professeur à Sciences Po, en commentant la dernière enquête AMF/Cevipof-Sciences Po publiée vendredi. À quatre mois du scrutin municipal, près de six maires sur dix envisagent de briguer un nouveau mandat, malgré un cycle d’épreuves inédit depuis 2020.

 

Un mandat éreintant mais un retour de la motivation

 

Crise sanitaire, flambée inflationniste, guerre en Ukraine, tensions politiques nationales : les turbulences n’ont pas manqué. Pourtant, l’étude menée auprès de plus de 3 700 premiers édiles montre que la détermination reste vive. En 2019, avant les élections, seuls 49 % déclaraient vouloir repartir. Ils sont désormais 58 %, signe, selon les chercheurs, que « le volontarisme reprend le dessus au moment de faire des choix ».

 

La dynamique n’efface toutefois pas l’usure. Jamais les démissions n’ont été aussi nombreuses : plus de 400 par an. Et dans près de 60 % des communes interrogées, un absentéisme régulier touche les conseillers municipaux. Les tensions internes, lorsqu’elles existent, pèsent lourd : dans les conseils jugés « très pacifiques », 62 % des maires souhaitent se représenter, contre seulement 46 % dans ceux considérés comme « agressifs ». Reste que seuls 8 % décrivent leurs séances comme réellement conflictuelles.

 

Des motivations profondes mais des conditions de plus en plus exigeantes

 

Les élus qui veulent poursuivre l’aventure invoquent d’abord la volonté de mener à terme les projets engagés (79 %) et le sens du service public (78 %). À l’inverse, ceux qui tirent un trait sur 2026 évoquent surtout un besoin de retrouver du temps personnel (79 %). Sans surprise, l’âge influe fortement : près des trois quarts des maires de moins de 35 ans souhaitent continuer, contre seulement 30 % parmi les plus de 75 ans.

 

Les résultats révèlent aussi un clivage territorial : les maires des villages, plus isolés et confrontés à des attentes multidimensionnelles, sont plus enclins à renoncer que ceux des communes plus urbanisées.

 

Violences et pression citoyenne : un climat plus dur qu’en 2020

 

Autre donnée marquante : la progression continue des incivilités. Depuis le début du mandat, 65 % des maires affirment avoir été victimes d’actes irrespectueux, douze points de plus qu’en 2020. Les attaques verbales concernent 36 % d’entre eux, tandis que près d’un tiers dit avoir déjà essuyé menaces ou campagnes hostiles sur les réseaux sociaux. Les agressions physiques, encore minoritaires, touchent néanmoins 8 % des élus.

 

Ces tensions n’empêchent toutefois pas les maires de conserver un regard relativement positif sur la situation financière de leur commune : près de neuf sur dix la jugent « saine », un bond de dix points depuis 2022, année marquée par la crise énergétique.

 

Quand les priorités de campagne se redessinent

 

L’accès aux soins s’impose comme le thème central pour la prochaine campagne municipale. Dans les plus petites communes, la question du vieillissement de la population est jugée trois fois plus importante que dans les villes moyennes. En cas de difficultés budgétaires, les élus envisageraient d’abord de réduire les dépenses de voirie et d’espaces verts, avant celles consacrées aux associations ou à la culture. Une hiérarchie bien différente de celle exprimée par les Français dans les sondages.

 

Un scrutin 2026 sous le signe du paradoxe

 

À l’approche des municipales, beaucoup de maires oscillent entre lassitude et élan renouvelé. « Les indicateurs sont souvent au rouge en milieu de mandat, puis repassent au vert à mesure que l’échéance électorale se rapproche », rappelle Martial Foucault. Reste à voir si cette envie réelle de poursuivre se traduira dans les urnes.

 

La publication de l’enquête ouvre désormais une nouvelle phase : celle où les élus devront arbitrer, parfois dans l’intimité, entre devoir public et équilibre personnel. Le pays saura début 2026 si la remobilisation pressentie se confirme ou si les renoncements tardifs viendront rebattre les cartes.

 

Le Figaro

Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

 

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