Madagascar : Rajoelina sacrifie son gouvernement, la rue réclame sa tête
- malikunafoninet
- 30 sept.
- 2 min de lecture

« On veut vivre, pas survivre ». Ce slogan scandé par des milliers de jeunes à Antananarivo illustre la fracture profonde qui secoue Madagascar. Après plusieurs jours de manifestations meurtrières, le président Andry Rajoelina a annoncé, lundi soir, la dissolution de son gouvernement, une décision qui ne semble pas calmer la contestation.
Dans une allocution télévisée de 17 minutes, le chef de l’État a mis fin aux fonctions du Premier ministre Christian Ntsay, en poste depuis 2018, ainsi qu’à celles de l’ensemble de son équipe. Le président a invoqué l’article 54 de la Constitution pour justifier son choix, tout en indiquant que l’exécutif sortant assurerait l’intérim jusqu’à la nomination d’un nouveau cabinet. Dans un geste inhabituel, il a appelé la diaspora et les « citoyens compétents » à postuler aux fonctions ministérielles, y compris via des canaux numériques comme LinkedIn.
Une jeunesse au cœur de la colère
Le mouvement, largement porté par la Génération Z, est né du mécontentement face aux coupures d’eau et d’électricité qui rythment le quotidien des Malgaches. Mais très vite, les revendications se sont élargies : les cortèges réclament désormais la démission du président. « Rajoelina, dégage », scandent les manifestants, galvanisés par la mémoire des crises passées qui ont déjà fait tomber des régimes.
D’après le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, la répression des manifestations a fait au moins 22 morts et plus d’une centaine de blessés depuis jeudi. L’organisation dénonce une réponse « disproportionnée » des forces de l’ordre, accusées d’avoir tiré à balles réelles et procédé à des arrestations arbitraires. Les autorités locales contestent ce bilan, sans toutefois apporter de chiffres précis.
Le poids de l’histoire
L’instabilité politique est loin d’être nouvelle à Madagascar. Depuis son indépendance en 1960, l’île a connu une succession de crises alimentées par la pauvreté et une profonde défiance envers la classe dirigeante. Ironie de l’histoire : l’ascension de Rajoelina en 2009 s’était faite sur fond de soulèvement populaire ayant poussé Marc Ravalomanana à quitter le pouvoir.
Réélu en 2018 puis en 2023 lors d’un scrutin contesté, l’actuel président n’a pas réussi à dissiper les divisions. Son geste de lundi, s’il témoigne d’une volonté d’apaisement, pourrait s’avérer insuffisant au regard des attentes d’une jeunesse qui ne réclame plus seulement des réformes, mais un changement de leadership.
Quelle issue ?
En sacrifiant son gouvernement, Andry Rajoelina joue une carte politique risquée : celle de gagner du temps et de rétablir un semblant de dialogue. Mais la rue, en colère et déterminée, continue de réclamer son départ. L’île rouge se retrouve ainsi à un nouveau tournant de son histoire : soit le président parvient à reprendre la main par une réforme profonde, soit Madagascar pourrait revivre un scénario de transition imposée par la rue.
Source Afrik.com
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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