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Madagascar : la colère de la « Génération Z » défie le pouvoir malgré un gouvernement dissous

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« Ils disent que nous sommes une génération TikTok, une génération de débiles. Mais quand on se lève pour notre pays, on nous empêche de parler », lançait une étudiante vêtue de noir, lundi, dans les rues d’Antananarivo. Comme des milliers d’autres jeunes, elle participait aux rassemblements qui ont déjà coûté la vie à au moins vingt-deux personnes, selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH).

 

Ces mobilisations, nées d’un ras-le-bol face aux coupures d’eau et d’électricité, se transforment désormais en une contestation politique frontale visant le président Andry Rajoelina. Lundi soir, en direct à la télévision nationale, le chef de l’État a tenté de désamorcer la crise en limogeant tout son gouvernement. Mais l’annonce n’a pas convaincu : les appels à manifester de nouveau ce mardi 30 septembre se sont multipliés sur les réseaux sociaux, le mot d’ordre étant de se rassembler à Ambohijatovo, au cœur de la capitale.

 

Entre contrition et moqueries

 

Dans son allocution d’un quart d’heure, Andry Rajoelina s’est excusé pour les défaillances de son équipe et a promis un nouveau départ, allant jusqu’à inviter les candidats à des postes ministériels à lui envoyer leur CV « par courrier, par e-mail ou même sur LinkedIn ». L’initiative a suscité sarcasmes et incrédulité. « On lui a donné maintes chances ! Il nous fait des promesses d’ivrogne », a dénoncé une manifestante, soulignant que « la famine et la misère » continuent de frapper une population où près de 75 % vit sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale, 2022).

 

Un mouvement qui s’étend au-delà de la capitale

 

Baptisé « Gen Z » et symbolisé par un drapeau pirate inspiré du manga One Piece, le mouvement s’est imposé comme le porte-voix d’une jeunesse exaspérée. Ses appels trouvent un écho bien au-delà d’Antananarivo : des manifestations ont été signalées dans le Nord à Antsiranana, mais aussi à Fianarantsoa (centre), Toliara (Sud) et Toamasina (Est). Il s’agit de la plus large contestation depuis l’élection présidentielle de 2023, largement boycottée par l’opposition.

 

Une crise de régime

 

Ce qui apparaissait comme une simple révolte sociale prend des allures de crise de régime pour le président malgache, arrivé une première fois au pouvoir en 2009 à la faveur d’un soulèvement populaire, puis élu en 2018 et réélu en 2023 lors d’un scrutin contesté. Aujourd’hui, les slogans exigent son départ pur et simple : « Rajoelina, dégage ! ».

 

Au-delà de la colère contre la vie chère et les services publics défaillants, c’est un système accusé de corruption chronique qui vacille. Transparency International classe Madagascar au 140ᵉ rang sur 180 dans son indice mondial de perception de la corruption.

 

Et après ?

 

La mobilisation annoncée ce mardi sera un test de force. Entre la volonté du pouvoir d’étouffer la contestation et la détermination d’une jeunesse qui refuse d’être réduite au silence, l’île entre dans une période d’incertitude politique majeure.

 

Source Le monde

Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

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