L’Alliance du Sahel se consolide et dénonce une campagne de « terrorisme médiatique »

C’est le nom de la nouvelle radio lancée ce jeudi par la Confédération des États du Sahel (AES), une initiative présentée comme une arme de communication massive contre ce que les pays membres qualifient de « terrorisme médiatique » orchestré contre eux. L’annonce a été faite lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères du Mali, du Burkina Faso et du Niger, tenue à Ouagadougou pour préparer le prochain sommet des chefs d’État de cette alliance stratégique.

Une forteresse diplomatique qui se barricade

Réunis sous la présidence du Malien Abdoulaye Diop, les diplomates des trois nations, toutes issues de récentes transitions militaires, ont affiché un front commun sans faille. L’objectif officiel de cette rencontre était de préparer la deuxième session ordinaire du collège des chefs d’État de l’AES. Mais au-delà de l’agenda technique, la réunion a servi de tribune pour une ferme dénonciation des pressions extérieures perçues. Les ministres ont vigoureusement condamné ce qu'ils ont décrit comme une « campagne ourdie » contre le Mali, exprimant leur « solidarité et soutien » au gouvernement malien « dans sa lutte contre les terroristes et leurs sponsors ».

La radio « Daande Liptako », rempart contre la « désinformation »

Face à cette offensive médiatique dénoncée, la création de la radio « Daande Liptako » est présentée comme une réponse stratégique. Selon le communiqué final de la réunion, cette nouvelle voix audiovisuelle sera dédiée à « la promotion du narratif de la Confédération » et à « la mobilisation des populations » autour de ses idéaux. Cette décision s’inscrit dans une dynamique plus large d’affirmation souveraine, les trois pays cherchant à construire un « espace souverain, de sécurité et de prospérité partagées », selon les termes utilisés pour décrire la vision partagée par les généraux Assimi Goïta (Mali), Ibrahim Traoré (Burkina Faso) et Abdourahamane Tiani (Niger).

Un renforcement institutionnel en marche

Les ministres ont également salué les « avancées majeures » enregistrées depuis le sommet fondateur de Niamey en juillet 2024, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la coordination diplomatique. Des projets d’instruments juridiques visant à consolider l’architecture de la Confédération ont été examinés, sans plus de précisions, en prélude au prochain sommet des chefs d’État.

Alors que l’AES affûte ses armes juridiques et médiatiques, la prochaine étape décisive sera le sommet des chefs d’État, où les décisions structurantes pour cette jeune confédération, née en réaction à une défiance affichée envers les organisations régionales traditionnelles, seront actées. Le monde observe comment ce bloc sahélien alternatif entend redéfinir les règles du jeu géopolitique dans une région en proie à l’instabilité.

Oura KANTÉ

Malikunafoni