Khaled el-Enany, un égyptologue pour réinventer l’Unesco
- malikunafoninet
- 7 oct.
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« Je veux essayer de dépolitiser le débat au sein de l’Unesco. Un enfant privé d’éducation, je ne veux pas savoir sa nationalité. »
Ces mots, empreints d’universalité, résument la vision du nouvel homme fort de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
Le Conseil exécutif de l’Unesco a désigné, lundi, l’Égyptien Khaled el-Enany, 54 ans, pour prendre la tête de l’institution basée à Paris. Ancien ministre des Antiquités et du Tourisme de son pays, ce spécialiste reconnu d’égyptologie a largement remporté le scrutin interne, obtenant 55 voix sur 57, face à son unique rival, le Congolais Firmin Edouard Matoko.
Cette désignation, qui devra être formellement entérinée le 6 novembre à Samarcande (Ouzbékistan) par la Conférence générale de l’Unesco, ouvre une nouvelle page de l’histoire de l’organisation. El-Enany devient le premier directeur général issu du monde arabe, et le deuxième Africain à occuper ce poste, après le Sénégalais Amadou Mahtar Mbow (1974-1987).
Un profil de terrain pour moderniser l’Unesco
Francophone formé à l’Université de Montpellier, Khaled el-Enany a bâti sa réputation dans la recherche et la gestion du patrimoine égyptien. Il a dirigé le Musée égyptien du Caire avant de piloter la création du Musée national de la civilisation égyptienne, inauguré en 2021, où reposent désormais les momies royales, dont celle de Ramsès II.
Sa carrière ministérielle, saluée pour la relance du tourisme après les attentats de 2017 et la crise du Covid-19, n’a pas été exempte de polémiques. En 2020, des travaux d’aménagement dans la nécropole du Caire, inscrite au patrimoine mondial, avaient suscité des critiques liées à des expulsions d’habitants. Le ministère d’El-Enany avait alors nié toute « destruction de monuments ».
Dépolitiser et redynamiser une institution fragilisée
Le nouveau patron de l’Unesco hérite d’une organisation fragilisée par les tensions politiques et le désengagement de certains États membres. Après le départ d’Israël en 2017, le Nicaragua a annoncé son retrait en mai dernier, suivi de celui des États-Unis en juillet, sous l’administration Trump, qui accuse l’agence de « parti pris anti-israélien ».
Cette décision prive l’Unesco d’environ 8 % de son budget et de son principal bailleur de fonds. Conscient de ce défi, El-Enany promet de renouer le dialogue avec Washington, comme l’avait fait sa prédécesseure Audrey Azoulay, en poste depuis 2017, et de renforcer l’assise financière de l’institution. Il compte notamment attirer de nouveaux partenaires privés et mécènes, estimant que leurs contributions « peuvent largement dépasser les 8 % actuels ».
Un mandat tourné vers les crises et la reconstruction
Dans un contexte mondial marqué par les conflits et les inégalités, Khaled el-Enany veut repositionner l’Unesco comme acteur central dans les zones sinistrées. « À Gaza, en Ukraine ou à Haïti, les écoles détruites, les journalistes tués et les sites culturels effacés rappellent notre devoir », a-t-il déclaré à la presse.
Sa feuille de route s’annonce ambitieuse : moderniser l’organisation, rétablir la confiance entre États membres et rendre l’action de l’Unesco plus visible sur le terrain.
Il prendra officiellement ses fonctions le 14 novembre, succédant à Audrey Azoulay, avec la promesse d’un souffle nouveau.
Source jeune Afrique
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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