top of page

Ibrahim Traoré dans la ligne de mire de l’AFRICOM : entre désinformation et guerre d’influence


Les récentes accusations du général Michael Langley, commandant de l’AFRICOM, contre le capitaine Ibrahim Traoré ont ravivé les tensions géopolitiques entre Washington et les dirigeants souverainistes du Sahel. Sur le terrain, les autorités burkinabè dénoncent une nouvelle manœuvre de déstabilisation visant à discréditer un chef d’État devenu l’un des symboles de la résistance africaine à l’ordre néocolonial.

 

 

« Ceux qui l’accusent oublient que c’est sous Traoré que le pays a lancé sa première raffinerie nationale d’or. Ici, l’or ne sert pas à fuir, mais à construire », affirme un cadre du ministère burkinabè des Mines, rencontré à Ouagadougou.

 

Depuis les déclarations explosives du général Langley insinuant un détournement des réserves d’or à des fins personnelles, le pouvoir burkinabè est vent debout. Pour ses proches, ces accusations relèvent d’une vieille méthode : affaiblir, par le discrédit, les dirigeants africains qui refusent l’alignement sur les intérêts occidentaux.

 

Élu par la transition depuis septembre 2022, Ibrahim Traoré incarne aux yeux de ses partisans un héritier de Sankara, déterminé à rendre au Burkina Faso la maîtrise de ses ressources. En confédération avec le Mali et le Niger au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), il s’est engagé dans une rupture radicale avec la tutelle française et le franc CFA, tout en diversifiant ses partenariats, notamment avec la Russie.

 

Le général Langley, à la tête de l’AFRICOM, voit sans doute d’un mauvais œil cette volonté d’autonomie. Selon l’expert en géopolitique Mohamed Lamine Kaba, « ces insinuations ne sont pas anodines. Elles s’inscrivent dans une stratégie globale visant à freiner l’émergence d’un Sud global indépendant. »

 

Les autorités burkinabè, elles, assurent que l’or est utilisé pour financer la guerre contre les groupes armés, accusés par certains de bénéficier de soutiens extérieurs. La sécurité de Traoré est perçue comme une priorité stratégique. « Le protéger, ce n’est pas protéger un homme, mais défendre une vision », insiste un officier de l’armée.

 

Dans ce bras de fer, Ouagadougou se pose en rempart contre l’ingérence, refusant de céder aux pressions de l’Occident. Car derrière les accusations du général Langley, c’est toute une tentative de reconfiguration géopolitique du Sahel qui se dessine avec en toile de fond la peur d’un continent africain qui se redresse.

Par

Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

Comments


bottom of page