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France/Gard : l’homme suspecté d’avoir mortellement poignardé un fidèle dans une mosquée vendredi s’est rendu dans un commissariat en Italie 

Le meurtre de Aboubakar Cissé mobilise la gauche française. Ici, on voit en première ligne Jean-Luc Mélenchon, Rima Hassan et Mathilde Panot. C'était au rassemblement contre l'islamophobie, place de la République à Paris le 27 avril 2025. Crédit photo : ALAIN JOCARD / AFP
Le meurtre de Aboubakar Cissé mobilise la gauche française. Ici, on voit en première ligne Jean-Luc Mélenchon, Rima Hassan et Mathilde Panot. C'était au rassemblement contre l'islamophobie, place de la République à Paris le 27 avril 2025. Crédit photo : ALAIN JOCARD / AFP

« La piste de l’acte antimusulman et islamophobe est la piste privilégiée », mais le meurtrier, de nationalité française, avait « peut-être également des motivations de fascination de la mort », selon le parquet.

 

Le meurtrier présumé d’un jeune Malien, vendredi, dans une mosquée du Gard, « s’est rendu de lui-même » dans un commissariat de Pistoia, en Italie, dimanche 27 avril, vers 23 heures, a annoncé tôt lundi à l’Agence France-Presse (AFP) le procureur de la République d’Alès, Abdelkrim Grini.

Un juge d’instruction « va être saisi » et un mandat d’arrêt européen émis en vue de son transfèrement en France, une procédure qui pourrait prendre « quelques jours ou quelques semaines », a-t-il précisé.

L’homme est suspecté d’avoir poignardé Aboubakar Cissé, un fidèle musulman, de dizaines de coups de couteau, vendredi matin, dans la mosquée de la commune gardoise de La Grand-Combe. Il était présenté comme « potentiellement extrêmement dangereux » par le procureur.

Ouverte pour homicide vendredi, l’enquête est conduite depuis samedi pour assassinat, soit meurtre avec préméditation, a précisé M. Grini.

Les éléments officiellement communiqués sur le meurtrier présumé sont pour l’instant peu nombreux : né à Lyon en 2004, « Olivier » est un homme de nationalité française, issu d’une famille bosnienne, dont une partie réside dans le Gard. Sans aucun antécédent judiciaire, il serait sans emploi.

Plus de 70 enquêteurs mobilisés

Dans « les propos décousus » que jeune homme tient dans la vidéo qu’il a lui-même filmée vendredi juste après son agression, face à sa victime agonisante, il semble « manifester son intention de recommencer », avait précisé samedi soir le magistrat à l’AFP. Dans la même vidéo, le meurtrier était entendu se féliciter de son acte et insulter la religion de sa victime.

« La piste de l’acte antimusulman et islamophobe est la piste privilégiée », mais le meurtrier avait « peut-être également des motivations de fascination de la mort, d’envie de donner la mort, d’envie aussi d’être considéré comme un tueur en série », a souligné M. Grini, lundi, sur BFM-TV.

Au passage, il a révélé que les enquêteurs savaient « déjà depuis ce week-end » que le meurtrier avait quitté la France et s’était rendu en Italie, et que, pour ce faire, il a « manifestement bénéficié de complicités ». La garde à vue du frère du suspect a été levée samedi en fin d’après-midi, aucune charge n’ayant été retenue contre lui, a précisé Abdelkrim Grini.

Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, avait déclaré avoir « mobilisé plus de 70 enquêteurs », venus de Montpellier, de Nîmes, de Paris et d’autres territoires français.

« Dans l’enquête pour retrouver l’auteur de la mosquée de [La] Grand-Combe (…) comme dans celle sur les violences contre les prisons et les agents pénitentiaires, les magistrats et les enquêteurs ont fait preuve d’une grande détermination et d’un grand professionnalisme qui [ont] permis d’obtenir des résultats dans des temps très courts », s’est-il félicité sur le réseau social X.

M. Retailleau s’est rendu à Alès dimanche après-midi, notamment pour y rencontrer les élus locaux et le président du conseil départemental du culte musulman.

Ici devant les micros des journalistes, le ministre de l'Intérieur français, Bruno Bruno Retailleau. Il s'est déplacé dimanche à la sous-préfecture d'Alès, soit deux jours après le meurtre dans la mosquée. Crédit photo Sipa/Sebastien Salom-Gomis
Ici devant les micros des journalistes, le ministre de l'Intérieur français, Bruno Bruno Retailleau. Il s'est déplacé dimanche à la sous-préfecture d'Alès, soit deux jours après le meurtre dans la mosquée. Crédit photo Sipa/Sebastien Salom-Gomis

« Je voudrais dire à la communauté de nos compatriotes français musulmans qu’être Français (…), ce n’est pas une question de couleur de peau, ce n’est pas une question de religion, ce n’est pas une question de condition sociale. (…) Je voudrais leur dire vraiment la plus totale solidarité de l’ensemble du gouvernement », a déclaré le ministre. Interrogé en fin de journée sur BFM-TV, il a dit avoir demandé un renforcement des mesures de sécurité autour de « toutes les mosquées de France ».

Emmanuel Macron a assuré dimanche que « le racisme et la haine en raison de la religion n’auront jamais leur place en France ». « La liberté de culte est intangible », a insisté le chef de l’Etat sur X. Il a également adressé « le soutien de la nation » à la famille de la victime et « à nos compatriotes de confession musulmane ».

Rassemblement « contre l’islamophobie »

Selon Mourad Battikh, l’un des avocats de la famille de la victime, il ne fait « aucun doute » que ce meurtre est « un attentat » et « une attaque de nature terroriste » : « Il est évident que le Parquet national antiterroriste doit se saisir de cette affaire sans délai », a-t-il plaidé dans un communiqué sur Instagram, estimant que « la communauté musulmane doit bénéficier du même traitement que tout autre citoyen ».

Une marche blanche en hommage à la victime a rassemblé plus d’un millier de personnes dimanche après-midi entre la mosquée et la mairie de La Grand-Combe, une commune de moins de 5 000 habitants. Plusieurs personnalités politiques comme le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, ou la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, ont participé à un rassemblement « contre l’islamophobie », organisé à Paris dimanche en fin de journée.

« Un climat islamophobe a été entretenu, cultivé, et des mois durant, et chacun jusqu’aux plus officiels, s’est senti autorisé à faire des déclarations dont sans doute, ils ne mesuraient pas toute la portée et toute la violence pour ceux qui avaient à [les] subir », a déclaré M. Mélenchon à la presse, en visant le ministre de l’intérieur. Interrogé au même moment sur BFM-TV, Bruno Retailleau avait exclu de participer à ce rassemblement, jugeant que LFI « instrumentalise ce crime ».

« Il fait peu de doute que son auteur a été motivé par la haine des musulmans », avait assuré la Grande Mosquée de Paris sur X. Celle-ci demande aux autorités de faire savoir au public si la piste terroriste est privilégiée : « Nous devons considérer la dimension et la gravité d’un tel acte, et agir pour la sécurité de tous », a-t-elle ajouté.

« L’assassinat d’un fidèle dans une mosquée est un crime ignoble qui doit révulser le cœur de tous les Français », a réagi le Conseil représentatif des institutions juives de France. Le délégué national de la Conférence des évêques de France pour les relations avec les musulmans, Jean-François Bour, a dit sur X condamner « fermement l’assassinat ». « Une réponse ferme à la haine antimusulmane est urgente ! », a-t-il insisté.

Le Monde avec AFP

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