top of page

Football africain : la crise Brys-Fécafoot au Cameroun, symptôme d’un mal institutionnel plus vaste

ree

 

Le feuilleton entre Marc Brys et la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) illustre, une fois de plus, les failles de gouvernance qui minent durablement le football africain.

 

Au Cameroun, le climat s’est brusquement tendu ce 23 juillet 2025 autour de la sélection nationale. En l’espace de quelques heures, un communiqué officialisant la démission de Marc Brys, entraîneur des Lions indomptables, a été contredit par l’intéressé lui-même. Ce dernier a dénoncé un piratage de sa boîte mail, niant toute volonté de quitter son poste. Cet épisode s’ajoute à une série de tensions déjà bien ancrées entre le technicien belge et la Fécafoot, présidée par Samuel Eto’o, en conflit larvé avec le ministère des Sports depuis la nomination de Brys en avril 2024.

 

La situation, confuse, témoigne d’un malaise plus profond : celui d’une sélection nationale devenue otage de luttes d’influence entre fédération sportive et pouvoir exécutif. Les désaccords sur les salaires, les choix du staff technique ou encore les primes traduisent une instabilité structurelle qui fragilise l’environnement sportif et nuit à la performance.

 

Une crise qui dépasse le Cameroun

 

Le cas camerounais n’est pas isolé. À travers le continent, d’autres sélections sont régulièrement confrontées aux mêmes tensions. Au Nigeria, la Fédération a souvent été critiquée pour son manque de transparence et ses conflits ouverts avec les ministères successifs. En Côte d’Ivoire, les débats autour de la nomination des entraîneurs ont souvent tourné au bras de fer politique, comme ce fut le cas avant la CAN 2023. Le Ghana, lui, n’échappe pas à cette dynamique, où les techniciens se plaignent d’ingérences répétées et de conditions de travail précaires.

 

Une gouvernance à reconstruire

 

Ces crises récurrentes révèlent une même faille : l’absence d’un équilibre clair entre les fédérations, les États et les acteurs techniques. Faiblement dotées sur le plan financier, certaines fédérations dépendent des subventions publiques, ce qui alimente une logique de tutelle. À l’inverse, d’autres, dirigées par d’anciens joueurs reconvertis en gestionnaires, revendiquent une autonomie totale, voire un pouvoir de contrepoids politique.

 

Samuel Eto’o, figure emblématique du football camerounais, incarne cette tendance. À la tête de la Fécafoot, il s’illustre par une volonté affirmée de défendre l’indépendance de la fédération, parfois au prix d’une confrontation directe avec les institutions étatiques. Dans ce contexte, le poste d’entraîneur devient souvent un point de cristallisation, pris en étau entre loyautés institutionnelles et injonctions politiques.

 

Le sport pris au piège des rivalités

 

Au final, ces tensions ne sont pas uniquement des querelles d’hommes ou de structures. Elles traduisent un déficit de gouvernance, d’arbitrage et de vision stratégique sur le long terme. Le football africain, pourtant riche en talents, peine à se stabiliser au sommet, faute de mécanismes institutionnels solides capables de garantir l’indépendance technique, la transparence administrative et le respect des engagements contractuels.

 

Pour sortir de cette spirale, une refonte des cadres de gouvernance s’impose, impliquant à la fois les États, les fédérations, les confédérations continentales et les partenaires internationaux. À défaut, les sélections nationales continueront d’évoluer dans un climat de tensions, au détriment des performances sportives et de l’unité populaire qu’elles sont censées incarner.

 

 Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

 

Commentaires

Noté 0 étoile sur 5.
Pas encore de note

Ajouter une note*
bottom of page