Emmanuel Macron et Sébastien Lecornu : un duo silencieux face à la rue

« La balle est dans le camp du premier ministre », a lancé Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, alors que plus d’un demi-million de personnes ont manifesté le 18 septembre selon le ministère de l’Intérieur – le double d’après la CGT. Pourtant, ni l’Élysée ni Matignon n’ont réagi officiellement à cette démonstration de force.

Une stratégie du retrait

Depuis la chute précipitée de François Bayrou le 8 septembre, le nouvel attelage exécutif adopte une posture singulière : Emmanuel Macron reste en retrait, Sébastien Lecornu demeure discret. Ce choix, loin d’être fortuit, vise à calmer une opinion publique éreintée par l’instabilité gouvernementale et à contenir les appels à la démission qui ciblent le chef de l’État, tandis que le Premier ministre doit déjà affronter la menace de motions de censure.

Les oppositions en terrain libre

Ce silence ouvre un boulevard aux syndicats et aux forces politiques adverses. Ces derniers tentent d’imposer leurs priorités dans la future feuille de route de Matignon, profitant d’un exécutif qui s’efface volontairement du débat public. Le mouvement spontané Bloquons tout, né sur les réseaux sociaux avant de converger avec les grandes centrales syndicales, illustre cette dynamique.

Une équation politique délicate

En laissant le terrain social aux partenaires sociaux et aux oppositions, le duo Macron-Lecornu prend le risque d’apparaître déconnecté. Mais cette stratégie pourrait aussi leur permettre de temporiser et de reconstruire une légitimité à bas bruit. Reste à savoir si cette réserve volontaire sera perçue comme un signe d’apaisement ou comme un aveu de faiblesse dans une période où la rue cherche à peser lourdement sur les choix du gouvernement.

Le monde

Oura KANTÉ

Malikunafoni