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Côte d’Ivoire : le boycott du parti de Laurent Gbagbo redessine le jeu politique avant les législatives

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« Nous ne pouvons pas participer à une mascarade électorale », a déclaré un cadre du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), à l’issue du comité central du 6 novembre. À moins de deux mois des élections législatives prévues le 27 décembre 2025, le retrait du parti de Laurent Gbagbo bouleverse le paysage politique ivoirien. En choisissant le boycott, le PPA-CI dénonce un cadre électoral qu’il juge biaisé et remet en cause la crédibilité du processus démocratique.

 

Un boycott pour dénoncer « un système verrouillé »

 

Dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion, le PPA-CI a justifié sa décision par un « environnement socio-politique délétère », marqué selon lui par la répression, le harcèlement judiciaire et la manipulation électorale. Le parti accuse les institutions électorales de partialité et affirme qu’il ne reconnaîtra pas les résultats d’un scrutin qu’il estime « préparé pour un nouveau braquage électoral ».

 

Ce geste politique s’inscrit dans la continuité d’un bras de fer entre Laurent Gbagbo et le pouvoir d’Abidjan. L’ancien président, exclu de la présidentielle précédente au motif de sa radiation des listes électorales, n’a jamais été réhabilité malgré sa grâce présidentielle en 2022. Condamné en 2018 à vingt ans de prison dans l’affaire dite du « braquage de la BCEAO », il demeure privé de ses droits civiques, une situation que son parti qualifie de « déni de justice ».

 

Opposition divisée, alliances fragilisées

 

Le PPA-CI fait partie du Front commun de l’opposition, aux côtés notamment du PDCI-RDA de Tidjane Thiam. Mais cette alliance se fissure : quand le PPA-CI opte pour le boycott, le PDCI-RDA, lui, choisit de se présenter aux législatives.

Cette divergence stratégique traduit une fracture au sein de l’opposition, autrefois unie contre le pouvoir en place. En 2021, l’alliance PPA-CI/PDCI avait permis de décrocher 18 sièges à l’Assemblée nationale. Cette fois, le retrait du PPA-CI pourrait réduire son influence institutionnelle, tout en consolidant son image de parti contestataire.

 

Un scrutin sous tension

 

L’absence du parti de Gbagbo ouvre un boulevard au camp présidentiel, mais interroge sur la légitimité du futur Parlement. Plusieurs observateurs, nationaux comme internationaux, redoutent que ces élections se déroulent dans un climat de monopole politique, où la pluralité du débat serait affaiblie.

Pour le pouvoir, cette décision du PPA-CI relève d’une stratégie de fuite en avant ; pour l’opposition, c’est un acte de résistance face à un système jugé verrouillé.

 

Une équation politique incertaine

 

Ce boycott place le pays devant une équation complexe : un scrutin sans un acteur majeur risque de délégitimer le processus électoral et d’alimenter la défiance populaire. Mais il pourrait aussi repositionner le PPA-CI comme force morale de contestation, en attente d’un terrain politique plus favorable.

 

Le 27 décembre, la Côte d’Ivoire élira bien ses députés. Mais la question reste entière : sans le parti de Laurent Gbagbo, ces élections auront-elles le poids démocratique attendu ?

 

Source Afrik.com

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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