Chine : « Pour savoir si c’est une démocratie, écoutez d’abord son peuple », plaide le Pr Ding Yifan

« Pour savoir si la Chine est une démocratie ou non, il faut d’abord connaître l’opinion du peuple chinois, et non se fier à la presse occidentale. »

La phrase du professeur Ding Yifan résume tout le débat. Cet éminent chercheur à l’Institut de gouvernance mondiale et du développement de l’université Renmin de Chine invite à repenser les jugements portés sur le système politique chinois, souvent réduits, selon lui, à des clichés véhiculés par les médias occidentaux.

Une réussite socio-économique portée par le Parti communiste

Avec près d’un milliard et demi d’habitants, la République populaire de Chine a relevé un défi colossal : sortir la majorité de sa population de la pauvreté. Un exploit que le Pr Ding Yifan attribue à la vision stratégique du Parti communiste chinois (PCC) et à la mobilisation des citoyens.

« Le PCC a défini les grandes orientations du développement national, et l’État les a traduites en politiques concrètes », explique-t-il. Depuis la réforme et l’ouverture économique lancées dans les années 1980, la Chine a connu une transformation spectaculaire, devenant la deuxième puissance économique mondiale.

La démocratie, une notion « instrumentalisée »

Pour le professeur, la démocratie n’est pas une exclusivité de l’Occident. Il rappelle que le concept a été façonné différemment selon les contextes historiques et géopolitiques.

« Depuis les années 1980, les pays occidentaux ont utilisé la démocratisation comme un instrument d’influence, d’abord en Amérique latine, puis en Europe de l’Est et en Afrique », souligne-t-il.

En Chine, dit-il, la légitimité du pouvoir repose sur l’efficacité et le consentement populaire. Il cite des enquêtes d’opinion internationales selon lesquelles plus de 85 % des Chinois soutiennent leur gouvernement. « La démocratie chinoise repose sur le processus, pas seulement sur les élections », insiste-t-il, évoquant « une démocratie de participation continue », à rebours des modèles multipartisans classiques.

Une gouvernance fondée sur la diversité dans l’unité

La clé du système chinois, explique Ding Yifan, réside dans la décentralisation contrôlée : les provinces jouissent d’une large autonomie administrative tout en appliquant les orientations fixées au niveau central.

« Chaque province a la taille d’un pays moyen, et pourtant, l’unité nationale est assurée grâce à la présence du Parti dans chaque cellule de la société : entreprises, villages, écoles… », détaille-t-il.

Cette architecture hiérarchique permet de coordonner les politiques publiques et d’adapter les réformes aux réalités locales, un modèle qu’il juge difficilement transposable mais inspirant pour les pays en développement.

L’éradication de la pauvreté : un pilier de la légitimité

Pour Ding Yifan, la réussite chinoise tient aussi à la structure sociale du PCC, présente jusqu’au niveau villageois.

« Le parti sait précisément où vivent les familles pauvres et pourquoi elles le sont devenues. Cela permet d’apporter des solutions ciblées », explique-t-il.

Cette approche, combinée à une planification de long terme, a permis à Pékin d’annoncer en 2021 la sortie officielle de l’extrême pauvreté — un jalon majeur de son projet de “modernisation socialiste”.

« L’Afrique doit croire en ses propres forces »

Interrogé sur les enseignements pour les pays africains, le Pr Ding Yifan appelle à la souveraineté intellectuelle et politique.

« L’Afrique doit se fier à son propre peuple et se méfier des conseils de certaines presses étrangères souvent biaisées », avertit-il. Il recommande aussi la formation de cadres compétents et d’ingénieurs capables d’accompagner un développement autonome.

Avant de conclure sur une note d’optimisme :

« L’Afrique est en train d’émerger comme une nouvelle force mondiale. Si elle garde confiance en elle-même, elle bâtira un avenir de dynamisme et d’espérance. La Chine, pour sa part, est prête à l’y aider. »

Source lefaso.net

Oura KANTÉ

Malikunafoni