Cameroun : la mort en détention d’Anicet Ekane relance le débat sur les conditions de garde à vue
- malikunafoninet
- il y a 15 heures
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« Nous avions prévenu que son état ne cessait de se détériorer », confie un cadre du Manidem, encore sous le choc après l’annonce du décès d’Anicet Ekane. La disparition en détention de l’opposant historique ravive au Cameroun une controverse ancienne : celle de la prise en charge des détenus politiques et de la transparence des procédures sécuritaires.
Un décès qui met le pays sous tension
Anicet Ekane, 74 ans, figure emblématique de la gauche nationaliste camerounaise, est mort dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre au Secrétariat d’État à la Défense (SED) à Yaoundé, où il était incarcéré depuis son arrestation à Douala le 24 octobre.
Son interpellation, survenue à la veille de la proclamation officielle des résultats de la présidentielle reconduisant Paul Biya pour un huitième mandat, visait plusieurs responsables ayant soutenu la revendication de victoire de l’opposant Issa Tchiroma Bakary. Le leader du Manidem était poursuivi pour insurrection et rébellion.
Des alertes ignorées selon son parti
Depuis plusieurs semaines, les proches d’Ekane tiraient la sonnette d’alarme. Son parti évoquait une brusque dégradation de son état de santé et réclamait sans succès son transfert vers un hôpital capable d’assurer des soins spécialisés.
La dernière mise en garde du Manidem, publiée moins de 24 heures avant sa mort, affirmait qu’il « tiendrait le régime pour responsable de toute issue dramatique ».
Le vice-président du mouvement, Valentin Dongmo, assure que les signaux d’urgence étaient « connus de tous », mais n’ont entraîné « aucune réaction décisive ».
Un militant façonné par l’histoire nationaliste
Né en 1951, Anicet Ekane appartenait à la lignée des militants inspirés par Ruben Um Nyobe et Ernest Ouandié, dont il revendiquait l’héritage politique. Après avoir contribué aux mobilisations pour le retour au multipartisme au début des années 1990, il fonde le Manidem en 1995, déterminé à défendre une lecture nationaliste et sociale du projet politique camerounais.
Arrêté en 1990 et condamné par le tribunal militaire pour « activités subversives », il est gracié la même année. Malgré ces épreuves, il reste une voix constante de la contestation. En 2025, il apporte un soutien remarqué à Issa Tchiroma Bakary lors de la récente présidentielle.
Le ministère de la Défense promet la transparence
Face à l’émotion qui envahit les réseaux sociaux et les prises de parole dans les milieux politiques, le ministère de la Défense a annoncé l’ouverture d’une enquête destinée à clarifier les circonstances du décès.
Dans son communiqué, le ministère affirme qu’Anicet Ekane « bénéficiait d’une prise en charge médicale adéquate » et d’un suivi assuré conjointement par les équipes militaires et ses médecins personnels, une version en total décalage avec celle de son parti.
Une affaire qui pourrait laisser des traces
Alors que de nombreux appels à la lumière se multiplient, l’enquête annoncée devra déterminer si les procédures ont été respectées et si des responsabilités doivent être engagées.
La disparition d’Anicet Ekane, militante figure et vétéran de la scène politique camerounaise, pourrait raviver les débats sur les libertés publiques, la place de l’opposition et les conditions de détention au Cameroun. Les prochains jours diront si le choc se transforme en tournant politique.
Oura KANTE
Malikunafoni










































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