Afrique du Sud : l’arrivée imprévue de 153 réfugiés palestiniens déclenche une enquête sur des vols humanitaires suspects
- malikunafoninet
- 16 nov.
- 3 min de lecture

« Nous ne pouvons pas renvoyer des gens fuyant une zone ravagée par la guerre », a insisté Cyril Ramaphosa en ordonnant, vendredi, le débarquement de 153 Gazaouis bloqués depuis plus de douze heures dans un avion resté portes closes à Johannesburg. Derrière cette opération humanitaire qui a viré au casse-tête diplomatique, Pretoria cherche désormais à comprendre comment un vol non signalé a pu se poser sur son sol, et surtout qui se trouve réellement derrière l’organisation controversée qui dit avoir évacué ces familles.
Un vol arrivé sans autorisation et une scène de chaos humanitaire
L’appareil, opéré sous les couleurs de Global Airways et en provenance de Nairobi, s’est présenté jeudi 13 novembre sans que les autorités sud-africaines n’en aient été informées au préalable. À son bord : des familles palestiniennes épuisées après plus de 24 heures de voyage, privées de bagages et dépourvues du tampon israélien exigé pour toute entrée légale dans le pays.
Faute de documents valides, la police aux frontières a refusé le débarquement. Pendant plus de douze heures, les passagers sont restés confinés dans une chaleur suffocante, sans eau ni nourriture, selon des ONG sud-africaines qui ont alerté l’opinion.
Ramaphosa s’en mêle et promet des réponses
Face au tollé grandissant, le président Ramaphosa a brisé l’impasse. Il a ordonné l’ouverture immédiate d’une enquête pour déterminer comment cet avion a pu franchir le contrôle aérien sans autorisation. Cette affaire tombe dans un contexte diplomatique particulier : Pretoria est l’un des soutiens les plus actifs de la cause palestinienne, allant jusqu’à porter devant la Cour internationale de justice une accusation de génocide contre Israël.
Al Madj Europe, une organisation aux contours opaques
Très vite, les regards se tournent vers Al Madj Europe, la structure qui aurait organisé le voyage. L’ambassade de Palestine en Afrique du Sud la décrit comme une entité « non enregistrée et trompeuse ». Les soupçons s’accumulent :
· Site créé récemment, en 2025 ;
· Aucune adresse vérifiable ;
· Pas de numéro de téléphone fonctionnel ;
· Photos d’équipe générées par intelligence artificielle ;
· Bureaux prétendument situés en Allemagne et à Jérusalem, introuvables selon des activistes cités par RFI.
Pour le militant pro-palestinien Naeem Jennah, interrogé par RFI, l’affaire va « au-delà d’une simple escroquerie » et pourrait même s’inscrire dans « un projet visant à éloigner les Gazaouis de l’enclave ».
Une “offre humanitaire” vendue 2 700 dollars ?
RFI rapporte également avoir tenté de joindre l’organisation. Seule réponse : un message automatisé demandant une copie du passeport, accompagnée d’un paiement de 2 700 dollars. Une procédure jugée totalement incompatible avec les règles officielles d’évacuation, qui nécessitent une coordination directe avec l’armée israélienne.
L’ambassade de Palestine appelle désormais les familles à la plus grande prudence et dénonce une « exploitation de la détresse » des civils de Gaza.
Un second vol clandestin en trois semaines
Ce cas n’est pas isolé. Pretoria affirme qu’un autre avion transportant des réfugiés palestiniens est arrivé sans autorisation quelques semaines plus tôt. L’enquête devra déterminer si un réseau organisé est en train de contourner les voies légales d’évacuation, et si d’autres vols sont déjà programmés.
Vers une clarification nécessaire
Les autorités sud-africaines devront désormais démêler les responsabilités : Global Airways, la tour de contrôle, les intermédiaires humanitaires et l’étrange organisation Al Madj Europe. Au-delà du scandale, Pretoria cherche aussi à éviter que son territoire devienne la porte d’entrée d’un système d’évacuations informelles dont les bénéficiaires, en quête de sécurité, sont aussi les premières victimes.
Oura KANTÉ
Malikunafoni










































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