Taane, une retraitée entre tradition et modernité
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Taane, une retraitée entre tradition et modernité


Le mardi 22 mars 2022, c'était l'avant-première du film Taane du réalisateur Alioune Ifra N'Diaye, son premier long métrage. Pour ce faire, il a choisi la salle de spectacle de l'Institut français ex-CCF à Bamako Coura.

Avant la projection du film, le directeur de l'Institut français a donné la parole à Alioune Ifra N'Diaye afin qu'il puisse présenter son nouveau bébé au public. Prenant la parole, le producteur-réalisateur du film a déclaré que la production de Taane a duré 2 ans. Le processus du tournage a pris 45 jours. Les 72 séquences du film ont été faites dans 39 décors et 12 quartiers de 2 villes, notamment Sélingué et Bamako. 136 personnes ont été utilisées dans la production du long métrage, a-t-il précisé.

Selon Alioune Ifra N'Diaye, le film ‘’Taane’’ a été financé à 90% par des Maliens et des services publics et privés maliens pour une prévision de 75%. Une réalisation 100% avec des jeunes maliens. « Il se sert de la fantastique modernité d’une femme à la retraite, triplement veuve, pour montrer qu’une meilleure gouvernance familiale et sociale est possible malgré les pesanteurs des traditions. Le film est aussi un poème à la beauté malienne : des couleurs à la gentillesse humaine, en passant par les beaux habits, des bureaux modernes, les marchés propres, les rues bien faites, les maisons luxueuses, de splendides voitures, de la bonne musique, des sourires », a-t-il expliqué.

Que ne ferions-nous pas pour le bonheur de nos enfants ?

Dans ce film de Alioune Ifra N'Diaye, Taane (Fatoumata Coulibaly dite FC) fait une grève de la faim, un long voyage avec toute sa famille, consulte prêtres, marabouts, féticheurs, rien que pour le sourire de Alassane son fils bossu. Taane affronte la mort (Magma Gabriel Konatédit Monsieur Aigri), organise un casting pour trouver le meilleur démarcheur afin de mettre toutes les chances de son côté pour le bonheur d'un fils bossu.

Taane fait vibrer les comptes OrangeMoney de plusieurs personnes, consulte femmes et jeunes car elle se dit que dans une société, tous les avis comptent, et finit par accepter la proposition d'un "moins que rien" Monsieur/Madame la Joie. Taane est bizarre mais Taane s'acquitte de tous ses devoirs civiques. Dans Taane, Alioune Ifra N'Diaye ose bousculer les traditions, interroger notre compréhension de la laïcité et prône le pardon et le vivre ensemble.

« Dans Taane, cesont deux hommes qui assument leur handicap comme cet édenté écarté par un égoïste Barouba qui ne lui donne aucune chance d'être choisi comme démarcheur de Maître Alassane bien que l'édenté ait des talents reconnus dans ce domaine ». Dans ce film, on apprend qu'on peut être le père biologique d'un enfant sans avoir le dernier mot le concernant.

Les décors du film, le jeu des acteurs, la plupart étant rodés dans le travail artistique avec le réalisateur,la qualité des images et des sons prouvent que c'est le fruit d'un travail de plusieurs années avec beaucoup de nuits blanches et de disputes et contradictions souvent.

Taane la soumbalaticienne de Sélingué

Taane est une ancienne vendeuse fantasque de Soumbala de la ville de Sélingué. Taane se veut moderne et a su bien organiser sa situation sociale grâce aux opportunités qu’offrent les services publics et privés. Elle paie ses impôts et taxes. Elle s’est inscrite à l’AMO et bénéficie d’une couverture médicale. Grâce à ses cotisations à l’INPS, elle vient d’accéder à la retraite. Toutes ses transactions financières se font par Orange Money. Elle a su accompagner ses 4 enfants (2 filles et des jumeaux) de 3 pères différents de religions successivement animiste, chrétienne et musulmane.

Ses 2 premières filles sont des cadres et ont su fonder une vie familiale satisfaisante. Ses jumeaux ont aussi fait de bonnes études : l’un avocat, l’autre gestionnaire ; mais peinent à se trouver des épouses au grand désespoir de Taane.Le message dans ce film est d’une profondeur inouïe et on le remarque depuis le début avec les trois prières de religions différentes faites par TAANE depuis son réveil.

Le film commençait déjà et on se pose déjà des questions. Mais, plus on avance, plus on comprend le message de tolérance derrière ces actions, mais encore la volonté de casser un code, des barrières, de remettre certaines choses en question, certainement une façon de dire non à la société et de pousser les gens à la réflexion. La plus belle illustration, c’est quand Bijou Siraba vient demander la main de l’homme qu’elle aime. Tous, dans la salle, on a énormément ri mais le message était compris.

Les rôles et les personnages

Taane, pour moi, c’est surtout une histoire d’amour pur et vrai, tout d’abord celle d’une mère qui aime plus que tous ses enfants mais aussi l’histoire d’un amour entre deux personnes qui se sont choisies mais ne peuvent se marier malheureusement, car l’un semble ne pas mériter l’autre. L’amour vrai résiste, se bat et donne sans contrepartie, sans arrière-pensée. Il est vrai et se suffit. C’est une des leçons qu’on apprend dans ce film.

Le choix des acteurs, des personnes parfaites pour les rôles et un plaisir immense de les voir jouer dans ce film. Lepersonnage de Taane est interprété par Fatoumata Coulibaly alias FC, l’actrice malienne la plus primée au FESPACO. Magma Gabriel Konaté interprète Monsieur Aigri, le père de la fille que souhaiterait épouser un des jumeaux de Taane.

Autour de ces principaux comédiens, apparaissent d’autres artistes comme AlimaTogola, Tiéblé Traoré, Viviane Mina Sidibé, Inaïssa Touré, Souleymane Doumbia dit Dantoni Solo, Ismaël N’DiayeIsmo. Ce film rappelle les 3 Lascars au dernier Fespaco, un film du réalisateur Boubacar Diallo du Burkina Faso, du rire du début jusqu'à la fin.

En revanche, ladurée de 2 heures 23 minutes, le jeu de certains acteurs et les répétitions sur des sujets, sans oublier la présence d’OrangeMoney dans le film, sont entre autres critiques formulées par certains cinéastes. Pour eux, une fois ces erreurs corrigées, le film pourrait tenter sa chance au prochain Fespaco.

Justement, selon son réalisateur, Alioune Ifra N'Diaye, « Je n'irai pas au Fespaco sans le soutien politique de l'Etat malien parce qu'il ne suffit pas de faire un travail remarquable, il faut l'appui des autorités maliennes et de mes partenaires pour aller au Fespaco. Le film a coûté 300 millions FCFA, il ne nous reste qu'à payer 6 millions de FCFA, chose qu'on pourra gagner bientôt ».

Source : Le Reporter par Kassim TRAORE et Djimé KANTE

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