Parti Communiste Français - Afrique : Regards africains sur la campagne présidentielle en France
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Parti Communiste Français - Afrique : Regards africains sur la campagne présidentielle en France



Les prochaines élections présidentielles françaises amènent bon nombre d’Africains à s’interroger sur le devenir des relations franco-africaines, surtout après les incidents à répétition dans les relations notamment de la France avec le Mali. Si cela a suscité pas mal de déclarations à l’emporte-pièce, il convient de jeter un regard lucide sur les enjeux majeurs de la nécessaire refondation des relations franco-africaines, surtout à l’aune des crises et défis que traverse le monde actuel.

Dans ce contexte, le Parti Communiste Français est l’un des rares partis en France et certainement à l’échelle européenne à avoir entamé une réflexion et posé les jalons d’une redéfinition des rapports coloniaux et néocoloniaux que la France persiste à maintenir dans ses relations avec l’Afrique. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer aux interventions et prises de position de ses élus au Sénat et à l’Assemblée, lors des questions orales et écrites au gouvernement.

Il en fut de même à l’occasion de certains événements comme en octobre 2021 à Abidjan, lors du lancement du PPA-CI (Parti des Peuples Africains-Côte d’Ivoire) de Laurent Gbagbo et en Janvier 2022 à Dakar lors du Colloque AmathDansokho, syndicaliste et dirigeant historique du PIT (Parti de l’Indépendance et du Travail) du Sénégal et l’une des figures majeures des luttes de libération en Afrique occidentale. Par ailleurs, les interventions remarquables et remarquées sur les relations franco-africaines du Sénateur Pierre Laurent au Sénat français et du Député Jean-Paul Lecoq à l’Assemblée Nationale française, ont fortement marqué les esprits.

Mais cela n’est guère surprenant pour qui connait l’histoire des relations entre le Parti Communiste Français et l’Afrique, son implication dans les luttes anticoloniales et pour les indépendances en Afrique, ses soutiens multiformes aux mouvements de libération nationale, sa contribution de qualité à la formation syndicale, politique et idéologique des dirigeants africains de l’époque. Cette tradition perdure au-delà des aléas de l’histoire.

Cette solidarité ne fut pas aussi à sens unique. Les diasporas africaines et celles noires d’autres pays et continents, ont participé, tout au long de l’histoire, aux luttes du peuple français lors des conflits sanglants en Europe lors des deux guerres dites mondiales en Europe, tout comme aux rudes batailles syndicales, sociales et autres pour les progrès en faveur des couches laborieuses en France. Les liens de solidarité entre le Parti Communiste Français et l’Afrique sont anciens et fortement ancrés dans l’histoire des luttes d’émancipation de nos peuples. Il ne s’agit donc pas d’un fait nouveau mais qui relève d’une tradition de longue durée. Il est aujourd’hui tout à fait normal que le PCF prenne position sur les questions africaines du moment et inscrive dans le programme de campagne du candidat communiste Fabien Roussel à la prochaine élection présidentielle française, les points essentiels de la nécessaire refondation de la politique étrangère de la France, notamment en ce qui concerne l’Afrique.

Essayons d’en examiner les aspects les plus saillants.

Dans le point 161 de son programme électoral, le PCF s’engage à mettre fin aux accords économiques dévastateurs imposés aux pays du Sud par ceux du Nord et à les remplacer par des « traités internationaux de maîtrise des échanges et des investissements au service des biens communs, de la sécurité alimentaire et de la souveraineté économique des peuples et des nations ».

Pour ce faire, le PCF s’engage à mettre fin au Franc CFA, instrument de domination et de servitude des peuples africains, rebaptisé frauduleusement Eco avec la complicité du Président ivoirien en exercice, Monsieur Alassane Dramane Ouattara.

Dans le point 162 de son programme électoral, le PCF demande l’ouverture de voies légales et sécurisées pour les migrant(e)s conformément au Droit international. Il déclare inacceptable que des hommes, des femmes et des enfants fuyant la guerre, les dictatures ou les dérèglements climatiques soient traité(e)s avec inhumanité ou deviennent otages des rivalités entre grandes puissances.

Il engagera la France à renforcer sa politique d’accueil des refugié(e)s en accroissant les moyens de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) et de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII). Il exigera de ses partenaires européens le respect de la Convention européenne des droits de l’Homme et de la Convention de Genève dont le droit d’asile.

Fabien Roussel s’engage également à dénoncer les accords du Touquet et de Dublin sur la surveillance des frontières avec la Grande Bretagne et l’Irlande et exigera la redéfinition des missions de Frontex (Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes).

La Convention internationale du 18 décembre 1990, sur la protection des droits de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille, sera également ratifiée par la France. Au point 165 de son programme électoral, le candidat du PCF propose une COP (Conference Of Parties) Mondiale pour la Justice Sociale et Fiscale sous l’égide de l’ONU en vue d’instaurer une instance permanente de coopération et de régulation fiscale internationale.

Au point 167 de son programme électoral, Fabien Roussel engagera la France à quitter l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord) et demandera sa dissolution. Il favorisera, en Europe et avec les Etats voisins, la création d’un cadre commun de coopération et de sécurité́ collective, lequel devra être défini par une conférence européenne élargie jusqu’à la Russie en vue d’ouvrir des négociations pour la signature d’un traité de coopération et de sécurité collective.

Dans son point 171, le PCF annonce la dénonciation des traités de libre-échange en vue d’agir en faveur de nouveaux traités de coopérations et d’échanges justes, visant au développement humain, social et écologique, dans le cadre d’une nouvelle institution remplaçant l’Organisation Mondiale du Commerce, l’organisation mondiale de maitrise des échanges, des investissements et de partage des biens communs.

Au point 180, Fabien Roussel engagera la France à la conclusion de nouveaux accords de paix, de défense et de sécurité avec ses voisins et dans le monde qui se traduira par la sortie de l’OTAN et immédiatement de son commandement intégré, la fin des opérations militaires extérieures de la France et la fermeture des bases françaises hors du pays.

D’autres idées innovantes traversent le programme du candidat PCF à l’élection présidentielle.

Ainsi sur le plan macroéconomique, il insiste sur la nécessité de sortir du Consensus de Washington, corpus de mesures d’inspiration ultralibérale qui favorisent l’évasion fiscale des multinationales et soustrait aux pays du Sud, notamment africains, des moyens financiers importants pour le financement de leurs programmes nationaux de développement.

Le PCF préconise également une conférence sur la dette et recommande des Droits de Tirage Spéciaux pour les pays du Sud en vue de leur donner rapidement les moyens de financement de leur propre économie. Cela contribuerait à freiner la fuite des cerveaux tant utiles aux pays concernés, l’emploi des jeunes au plan local et contribuerait à transformer l’économie informelle en formelle.

Le PCF s’engage à porter l’aide publique au développement à 0,7% du PIB français en en redéfinissant les modalités. Il importe certainement de prendre en compte la vision de Thomas Sankara selon laquelle, il faudrait « encourager l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide ».

Sur le plan de la santé, le PCF réclame la levée des brevets sur les vaccins et certains médicaments et le transfert de technologie en les transformant en biens universels pour faire reculer certaines pandémies et renforcer ainsi la souveraineté médicale des pays concernés.

Dans l’ensemble, il parait plus qu’évident pour les forces de progrès en Afrique de bâtir des ponts solides et durables avec les forces politiques et sociales qui sont les moteurs de la solidarité et de la fraternité entre les peuples africains et français, entre tous les peuples du monde. Les réalités du monde actuel nous apprennent qu’Africains, Français, Européens et autres, tous les peuples à travers le monde sont tous victimes d’un même système de prédation mondiale, capitaliste et impérialiste financiarisé, qui pille nos ressources, dégrade l’environnement mondial et le climat, crée et entretient les foyers de guerre et de conflits. Il maintient les peuples sous domination étrangère, reproduit le racisme systémique comme à l’occasion de la guerre actuelle en Ukraine avec comme perspective l’extension des poches de famine en Afrique et dans les pays du Sud, faute d’accès aux ressources alimentaires à la suite des sanctions occidentales imposées à la Russie.

Au Sud comme au Nord, les peuples ont le même destin face au Capital et aux multinationales. Les solidarités multiples agissantes que nous avons à bâtir sont simplement celles de l’Humain.

Nous, Africains d’Afrique et du monde, nous sommes concernés par les batailles que mène le peuple de France.

Soutenons fermement les idées et les principes qui guident la campagne en vue des prochaines élections présidentielles de nos camarades du Parti Communiste Français.Relevons ensemble les défis des « Jours heureux » !

Pr. Issa N’DIAYE/Forum Civique Mali

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