Obstacles liés au referendum du 18 juin prochain Monsieur le Président, il y a problème
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Obstacles liés au referendum du 18 juin prochain Monsieur le Président, il y a problème


C’est désormais acté ! Les autorités de la Transition au Mali se résignent enfin à marquer le tout premier pas concret devant conduire le pays à la normalité constitutionnelle. L’acte portant convocation du collège électoral, ouverture et clôture de la campagne électorale à l’occasion du référendum constitutionnel a été adopté, le 5 mai 2023, par le Conseil des ministres. Mais tout porte à croire que le léger retard pris dans la tenue de ce referendum, initialement prévu pour le mois de mars 2023, n’a pas permis au Gouvernement de la Transition de réunir toutes les meilleures conditions pour sa bonne tenue.

Initialement prévu pour le mois de mars 2023, l’élection pour l’adoption de la nouvelle Constitution au Mali se tiendra finalement le 18 juin 2023, soit avec un léger retard de quatre mois. Sans doute, la nouvelle a été bien accueillie par la communauté internationale, notamment la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui a très vite produit une lettre de félicitation pour le grand pas marqué par les autorités de la Transition vers le retour à l’ordre constitutionnel.

Le même sentiment est largement partagé par la classe politique malienne qui s’impatientait depuis le premier rendez-vous manqué de mars dernier, sans que les autorités de la Transition ne daignent donner le moindre signe de prêter une oreille attentive à leur impatience. Toute chose qui exclut toute idée que les autorités de la Transition auraient agi sous une pression quelconque de la part de la communauté internationale ou de la classe politique malienne.

Toutefois, la question que l’on se pose aujourd’hui est de savoir si les autorités de la Transition ont réuni le minimum de conditions requises pour la tenue de l’élection référendaire du 18 juin prochain ? Une question qui laisse perplexes aujourd’hui bon nombre de Maliens et d’observateurs, au regard d’abord du regain d’attaques terroristes dans plusieurs régions du pays. On se rappelle de l’attaque terroriste qui a visé tout récemment le camp de Sévaré. En effet, depuis janvier 2023, des attaques djihadistes coordonnées visent aussi des postes non loin de la capitale malienne.

Ce qui suscite les inquiétudes des habitants de Bamako. Sans compter que la date de cette élection a été fixée au moment où la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unis pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), qui peut aider beaucoup dans l’organisation des élections à venir, est sous les feux des critiques au sein de la population malienne. Des meetings, souvent parrainés par des dignitaires du régime transitoire, sont même organisés pour demander le non-renouvellement du mandat de la MINUSMA qui doit arriver à terme au mois de juin prochain. La mission des Nations Unies est en effet accusée, à tort ou à raison, d’inertie face au massacre continu des populations par les groupes armés terroristes.

Que dire la carte biométrique annoncée pour servir de carte d’électeur dont le risque d’indisponibilité présage aussi d’impacter négativement le taux de participation des Maliens à cette importante élection référendaire. En effet, à un mois et quelques jours de la tenue du referendum, la mobilisation des Maliens en faveur de la mise à jour de leurs données et du retrait de la carte biométrique reste catastrophique. À ce jour, cette opération constitue un véritable parcours de combattant.

Pour un exercice de quelques minutes, certains citoyens, à l’image de Kadiatou Mallé, ont passé plusieurs jours devant les Commissariats avant de parvenir à actualiser leurs informations biométriques. Les Maliens ne se hâtent pas pour l’opération et estiment que les conditions ne sont pas suffisamment réunies pour leur faciliter l’opération. Rappelons que la délivrance de cette carte avait été évoquée comme motif par les autorités du report du référendum constitutionnel initialement prévu depuis le 19 mars dernier. Cela, en plus de l’ouverture d’une opération de réappropriation du contenu du projet de Nouvelle Constitution qui n’a été validé que récemment par le président de la Transition.

Selon le Coordinateur Général de l’Appel du 20 Février 2023 pour Sauver le Mali, M. Cheick Mohamed Chérif Koné, outre l’indisponibilité des cartes d’électeurs biométriques pour la moitié des citoyens régulièrement inscrits, et la non-installation des démembrements de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections dans une grande partie du territoire national, plus des deux tiers du territoire, plongés dans l’insécurité généralisée, échappent encore au contrôle du pouvoir central de Bamako. Il faut préciser que l’Appel du 20 Février 2023 pour Sauver le Mali tient à barrer la route au projet de la nouvelle Constitution.

Par ailleurs, nombreux sont les partis politiques et organisations de la société civile, à l’image du Cadre d'Echange des Partis et Regroupements Politiques pour le Retour à l'Ordre Constitutionnel, qui demandent l’abandon pur et simple de ce document. La Ligue Malienne des Imams et Erudits pour la Solidarité Islamique (LIMAMA) et son Mouvement de Soutien sont farouchement opposés au mot laïcité dans ce document. Ceux-ci demandent au Colonel Assimi Goïta ainsi qu’à l'ensemble de son Gouvernement de bien vouloir ouvrir les voies et canaux de discussion, de consultation, de dialogue et de concertation avec la LIMAMA et tous les acteurs impliqués dans ce Mouvement pour trouver une solution définitive à cette question de la laïcité.

“Dans le cas échéant, nous nous réservons le droit constitutionnel de mener campagne dans le cadre de la loi électorale pour appeler l'ensemble du peuple malien à voter « non ! » contre ce nouveau projet de Constitution. Loin de nous, l'idée d'en arriver à ce niveau. Car ce seront des milliards de francs CFA qu’on risque de gaspiller alors qu'ils pourraient servir ailleurs. Nous appelons l'ensemble des parties prenantes à se retrouver pour le Mali et les Maliens”, ajoutent-ils. De son côté, la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) n’est pas aussi partante.

Si un document aussi important que la Constitution doit faire l’objet du maximum de consensus, au regard de tout ce qui précède, les uns et les autres se posent beaucoup d’interrogations.

Accordant une importance particulière à l’inclusivité depuis sa venue au pouvoir, le Chef de l’Etat, le Colonel Assimi Goïta doit faire appel à toutes et à tous pour le maximum de consensus autour de ce document.

Source : La Rédaction du Mali par Tougouna A. TRAORE

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