La fistule obstétricale : Une Violence Basée sur le Genre (VBG)
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La fistule obstétricale : Une Violence Basée sur le Genre (VBG)


Le webinaire du Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l'Environnement (REMAPSEN) a eu lieu le mercredi 25 octobre 2023, sur le thème : « La fistule obstétricale en Afrique, parlons-en ! ». Il était animé par Dr Cheick O. Touré, Directeur Régional d’Intra Health International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre basé à Bamako, au Mali. Selon Dr Touré, leur mission est d’améliorer la performance des agents de santé et de renforcer les systèmes dans lesquels ils travaillent. Pour lui, la Fistule Obstétricale est une Violence Basée sur le Genre.

« La fistule obstétricale est une lésion induite lors d’un travail prolongé, pendant l’accouchement, lorsque la tête de l’enfant bute et exerce une pression continue contre les os du bassin, comprimant les tissus. Lorsque l’enfant, le plus souvent mort, finit par être expulsé, apparaît une déchirure entre les voies urinaires (ou plus rarement le rectum) et la paroi vaginale : c’est la fistule vésico‐vaginale ou recto‐vaginale. Dès lors la femme, quand elle a survécu, va perdre ses urines, voire ses fèces, ou les deux- jour et nuit sans discontinuer », a-t-il souligné.

Parlant des résultats de la Prise En Charge (PEC) de la fistule par le projet USAID Fistula Mali, Dr Cheick O. Touré a précisé que 1096 victimes de la fistule ont été traitées dans les 5 sites du projet de juin 2014-avril 2018 ; 30 campagnes ont été organisées ; 78% du taux de dépistage communautaire ont été atteints ; 94% des cas confirmés ont bénéficié d’une PEC chirurgicale. A ses dires, 88% des patientes qui présentaient une fistule avaient été mariées pour la première fois dans l'adolescence (10 - 19 ans).

Selon lui, 80,5% des femmes souffrant de fistule obstétricale étaient des adolescentes (11 - 19 ans) au moment où elles accouchaient pour la première fois. Il a mentionné que les causes de la fistule concernent une couverture quantitative et qualitative insuffisante des soins péri-partum. A propos des facteurs favorisant la fistule, Dr Touré a touché du doigt : l’âge maternel précoce, c’est-à-dire moins de 18 ans ; la pauvreté ; la malnutrition ; les pratiques néfastes telles que l’excision ; l’inaccessibilité géographique aux services de santé ; les erreurs médicales comme la césarienne et les forceps ; les recours tardifs aux soins.

A propos des conséquences sociales, Dr Touré a noté : la perte d’enfant ; l’exclusion sociale ; la marginalisation et l’isolement ; l’exclusion religieuse ; l’abandon par son mari, voire le divorce ; la pauvreté ; le traumatisme psychologique. En ce qui concerne les préventions primaires, il a souligné : la promotion de la santé ; la sensibilisation des communautés contre le mariage des enfants et les grossesses précoces ; la sensibilisation des populations pour que tous les accouchements aient lieu dans un centre de santé avec l’assistance de personnel qualifié ; la meilleure planification des grossesses et la promotion de l’espacement des naissances.

Dr Touré a aussi mis l’accent sur les cinq règles d’or de prévention, à savoir : le plan d’accouchement à chaque femme à chaque grossesse ; l’accouchement dans les structures de santé ; le vidange lors du travail d’accouchement ; la surveillance du travail d’accouchement à l’aide d’un partographe ; la prise en charge adéquate de l’urgence obstétricale.

En conclusion, il a noté que la fistule touche essentiellement les couches sociales les plus vulnérables, jeunes, pauvres, surtout en milieu rural ; le coût très élevé du traitement rend inaccessible les services aux victimes de la fistule ; l’accès à l’aide obstétricale qualifiée est la meilleure stratégie de prévention secondaire; le REMAPSEN peut jouer un grand rôle pour réduire sa prévalence.

Source : La Rédaction du Mali par Tougouna A. TRAORE

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