Fousseynou Ouattara du CNT et du Corema : "Le ramadan ne doit pas être une période de calvaire..."
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Fousseynou Ouattara du CNT et du Corema : "Le ramadan ne doit pas être une période de calvaire..."


Dans un pays majoritairement musulman comme le Mali, le mois de ramadan doit-il être un mois de la cherté des produits alimentaires ? C’est par cette question que nous interpelle le vice-président de la commission défense et sécurité du Conseil national de transition (CNT) et président du Collectif pour la refondation du Mali (COREMA), Dr. Fousseynou Ouattara. C’était dans une interview (en bamanan) réalisée par @ActualitéduMonde et publiée sur Média Presse Mali Officiel le 24 mars 2023. Nous vous proposons ici une synthèse de cet entretien.

« Si nous vivons réellement dans un pays musulman, c’est pendant ce mois de ramadan que cela doit se ressentir » ! Telle est la conviction assenée par le vice-président de la commission défense et sécurité du CNT et président du Collectif pour la refondation du Mali (COREMA), Dr. Fousseynou Ouattara. C’était dans un entretien publié le 24 mars dernier par @ActualitéduMonde (Média Presse Mali Officiel).

Dans notre pays, selon cet éminent spécialiste de l’Economie et des Finances, le mois du ramadan rime malheureusement avec calvaire et souffrance des ménages à cause de la hausse vertigineuse des prix. Alors que, à son avis, c’est pendant ce mois béni que les prix doivent normalement baisser parce que c’est la période où le musulman doit chercher à se rapprocher davantage de Dieu par ses actes. « Dans un pays musulman, le produit vendu à 50 Fcfa avant le ramadan, doit être cédé à 40 voire à 25 Fcfa pendant ce mois qui ne doit pas être une période de surenchère pour encaisser des bénéfices indus», a-t-il souligné.

Et de poursuivre : « pendant le ramadan, si on vend à 25 Fcfa une marchandise achetée à 50 F, ce n’est pas une perte parce que le musulman tire toujours un bénéfice de tout ce qu’il fait pour Dieu ». Malheureusement, a-t-il déploré, « le produit vendu à 25 Fcfa avant le ramadan est cédé à 100 Fcfa pendant ce mois. Comment peut-on alors croire que nous vivons dans un pays musulman alors que dans nos actes nous ne craignons pas Dieu ; nous n’avons pas peur de plumer nos concitoyens pendant une période de grâce, de générosité et de miséricorde » ?

« Tant que nous sommes dans cette logique, il sera difficile de soulager les populations quels que soient les efforts consentis par le gouvernement », a indiqué Dr. Ouattara. Et pour cet expert de l’Economie et des Finances, les consommateurs détiennent en partie la solution à la baisse des prix. « Si un commerçant veut te vendre à 75 Fcfa un produit que tu as l’habitude de payer à 50 F, avant le ramadan, tu ne dois pas l’acheter sans comprendre ce qui justifie cette hausse soudaine. Au lieu d’acheter pour ensuite aller rouspéter, ton devoir est de chercher à comprendre ce qui explique le changement de prix. Et si tu n’es pas convaincu, il faut dénoncer le commerçant. C’est de cette manière qu’ils vont réfléchir par deux fois avant d’augmenter leurs prix. Mais, si tout le monde se tait pour subir, les efforts du gouvernement ne changeront rien », a rappelé le président du Corema.

Quand l’impunité fait le lit de la surenchère et de la spéculation sur les prix

Toutefois, reconnaît Dr. Ouattara, l’impunité encourage aussi cette surenchère aux dépens des ménages, des consommateurs du pays. « Ceux qui se permettent d’augmenter les prix au-delà des seuils fixés par l’Etat sont convaincus de ne courir aucune sanction préjudiciable à leur commerce », a-t-il déploré. Il est clair que si les commerçants savent que leur cupidité peut être sanctionnée au point de ruiner leur commerce, ils vont sans doute savoir raison garder.

Et pourtant, le ministre de l’Industrie et du Commerce est fréquemment sur le terrain avec la Direction générale du commerce, de la consommation et de la concurrence (DGCC) pour s’assurer que les prix plafonds sont respectés. « C’est une initiative louable », a reconnu Fousseynou Ouattara. Mais, a-t-il regretté, « les Maliens ne peuvent pas dire qu’elle est efficace tant qu’ils ne ressentent pas concrètement son impact sur leur vie quotidienne à travers par exemple une baisse sensible des prix à la vente ».

En effet, le consommateur ne peut pas comprendre que le ministre dit veiller au respect des prix fixés en accord avec les autres acteurs, alors qu’ils continuent de payer à 125 une marchandise qui doit leur revenir à 100 ou à 75 Fcfa. D’où la nécessité d’instaurer un système de contrôle efficace.

« Le constat est que, généralement, chaque acteur de la chaîne d’approvisionnement (importateurs, grossistes, détaillants), rejette la responsabilité de la hausse sur l’autre. Mais, à partir de la facture d’achat chez le grossiste et du bordereau de livraison, il est facile de vérifier les fluctuations et de situer les responsabilités », a préconisé l’économiste. Pour lui, le contrôle ne doit pas se limiter aux seuls agents de la DGCC. Mais il faut que chaque citoyen y joue sa partition.

L’exonération est contreproductive pour booster l’économie nationale

« Quand un boutiquier du quartier veut vous imposer des prix hors norme, il vous revient de le rappeler à l’ordre en lui prouvant qu’il abuse de ses clients. Mais, si chacun achète pour aller ensuite se plaindre à la maison, cela ne va pas changer cette mauvaise pratique. Les consommateurs ont le devoir d’imposer aux commerçants le respect des prix officiels ou de les dénoncer aux services compétents. Ayons le courage de dire non, ce n’est pas possible au lieu de toujours se résigner », a conseillé le brillant économiste.

Pour Dr. Fousseynou Ouattara, il est aussi temps que « l’Etat mette fin à sa politique de subvention et d’exonération pour s’inscrire dans une véritable politique libérale en donnant le droit d’importer à tous ceux qui en ont la capacité. Cela va créer la concurrence pouvant positivement peser sur les prix si le gouvernement veille réellement à ce que chacun joue le jeu sans chercher à flouer le consommateur, ses concurrents ou le Trésor public ».

Et d’ajouter : « pour les économistes, les subventions ou les exonérations sont des dépenses qui n’apportent rien avec de l’argent qui n’existe pas. C’est donc une politique qui ne favorise pas le développement d’un pays ».

« Il faut plutôt encourager nos opérateurs économiques à investir dans les industries pour accroître la production nationale et l’offre par rapport à la demande », a conclu Dr. Fousseynou Ouattara, vice-président de la commission défense et sécurité du CNT et président du Corema.

Source : Le Reporter par Moussa BOLLY

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