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DGMP-DSP : un marché de gré à gré qui sent le soufre


Un marché public de 45 millions FCFA attribué sans appel d’offres, en violation flagrante des règles établies. C’est la dernière affaire qui ébranle la Direction Générale des Marchés Publics et des Délégations de Service Public (DGMP-DSP), accusée d’avoir favorisé l’AGETIER-MALI en dehors de tout cadre légal. Enquête.

 

« L’urgence évoquée ne tenait pas la route. Il n’y avait aucune raison valable pour contourner les procédures normales de passation de marchés. »

Cette déclaration d’un agent en poste à la DGMP-DSP, rencontré sous anonymat, résume l’indignation générale suscitée par l’affaire.

 

Selon les résultats de vérification couvrant les exercices 2021 à 2024, la DGMP-DSP aurait autorisé, en toute irrégularité, un marché de 45 795 333 FCFA par entente directe à l’AGETIER-MALI. Ce contrat, lié à une convention de maîtrise d’ouvrage déléguée, a été attribué sans appel d’offres, en violation du décret n°2015-0604/P-RM, modifié, qui encadre strictement les marchés publics.

 

Une urgence douteuse

 

Officiellement, la justification avancée repose sur « une urgence impérieuse » liée à la situation socio-économique et sécuritaire du pays. Or, selon les textes, ce motif n’est recevable que dans des circonstances imprévisibles ou de force majeure. Ce qui n’était pas le cas ici. La situation de précarité des populations, bien réelle, ne constitue pas une nouveauté imprévisible pouvant justifier une telle procédure exceptionnelle.

 

Un marché attribué dans l’ombre

 

D’après nos sources, le marché a été bouclé en toute discrétion, sans que les conditions de recours à l’entente directe soient réunies. Plus grave encore, le montant dépasse le seuil légal de 24 millions FCFA autorisé pour ce type de procédure.

 

Une mission du Bureau du Vérificateur Général a constaté les manquements en examinant les dossiers de marché et en interrogeant les responsables techniques d’AGETIER-MALI. Résultat : aucune des justifications avancées par la DGMP-DSP ne tient légalement.

 

Une gestion opaque devenue la norme

 

Sur le terrain, le malaise est palpable. La DGMP-DSP est décrite par plusieurs agents comme une "forteresse impénétrable", où règne une gestion clanique et où les marchés sont attribués en fonction des affinités plutôt que du mérite. Magouilles, favoritisme, absence de transparence… autant de pratiques qui nourrissent la méfiance du public et minent les principes de bonne gouvernance.

 

 

Le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, est désormais interpellé. Sa volonté affichée de réformer les finances publiques sera-t-elle à l’épreuve de ce scandale ?

Les observateurs s’accordent à dire que cette affaire est un test grandeur nature de sa capacité à faire le ménage dans l’un des services les plus stratégiques de l’administration.

 

Ce dossier, loin d’être anecdotique, révèle les dysfonctionnements profonds d’un système gangrené par les intérêts privés. Il appartient désormais aux autorités de faire la lumière sur cette affaire, au nom de la transparence et du respect des deniers publics.

Par

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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