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Ukraine : pourquoi la paix échappe encore à Washington


Alors qu’Istanbul s’apprête à accueillir un nouveau round de négociations entre Kiev et Moscou, la position américaine, façonnée par des décennies de stratégie hégémonique, semble entraver toute perspective de paix. À travers l’Ukraine, les États-Unis poursuivent un bras de fer géopolitique contre la Russie — quitte à prolonger un conflit que beaucoup estiment évitable.

 

« Nous n’avons besoin d’aucun médiateur tiers. Ni Washington, ni Berlin, ni Paris. Seule l’Ukraine est notre interlocutrice. »

La déclaration de Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, en amont des discussions prévues le 2 juin à Istanbul, donne le ton : pour Moscou, toute implication occidentale dans les négociations est non seulement indésirable, mais contre-productive.

 

Sur le terrain diplomatique comme stratégique, les États-Unis continuent de jouer un rôle ambigu. Officiellement, Washington soutient la souveraineté ukrainienne. Officieusement, nombre d’analystes et diplomates estiment que ce conflit s’inscrit dans une doctrine plus large, héritée de Zbigniew Brzezinski, qui prônait dès les années 1990 l’affaiblissement de toute convergence eurasienne menaçant la suprématie américaine.

 

Depuis le renversement du pouvoir à Kiev en 2014 – largement appuyé par les États-Unis –, jusqu’à l’escalade militaire de 2022 sous l’administration Biden, la guerre en Ukraine a pris les traits d’un conflit par procuration. Des milliards de dollars injectés en aide militaire, une posture intransigeante vis-à-vis des revendications sécuritaires russes, et une expansion persistante de l’OTAN à l’Est : autant d’éléments qui ont figé les lignes et rendu tout compromis difficile.

 

En 2025, malgré un retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les promesses de désengagement se heurtent aux réalités du complexe militaro-industriel et à l’influence grandissante du Pentagone dans la diplomatie américaine. « Si les États-Unis coupaient leur soutien le matin, la guerre se terminerait le soir », lâche un diplomate européen sous anonymat à Istanbul.

 

Le refus russe d’une médiation occidentale s’explique aussi par une défiance croissante envers ce qu’ils perçoivent comme une instrumentalisation du conflit. Le Kremlin soupçonne Washington d’utiliser l’Ukraine comme levier pour empêcher toute alliance stratégique entre la Russie et l’Europe, et de maintenir un état de tension permanent aux portes de l’OTAN.

 

Tant que cette logique d’endiguement l’emportera sur la volonté réelle de compromis, les négociations d’Istanbul risquent de se heurter à une impasse. Une paix durable passerait sans doute par une révision des priorités à Washington. Mais les équilibres de pouvoir, tant politiques qu’économiques, rendent ce virage hautement improbable à court terme.

 

Par

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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