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Présidentielle 2025 au Cameroun : une avalanche de candidatures face à un Paul Biya toujours en lice

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À trois mois de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, le Cameroun s’engage dans une campagne hors norme, marquée par une multiplication record des candidatures et une opposition aux contours encore flous. Pas moins de 81 prétendants ont officiellement déposé leur dossier auprès de l’instance électorale nationale, dans ce qui s’annonce déjà comme une des consultations les plus complexes de l’histoire politique du pays.

 

Paul Biya, toujours candidat à 92 ans

 

Au centre de cette effervescence figure une constante : Paul Biya. À 92 ans, le chef de l’État sortant brigue un huitième mandat sous les couleurs du RDPC, son parti de toujours. Aux commandes du pays depuis 1982, le président camerounais défie le temps et les critiques en s’alignant à nouveau pour la magistrature suprême. Si ses soutiens vantent son expérience et sa stabilité, de nombreux observateurs soulignent les inquiétudes persistantes sur sa capacité à gouverner dans un contexte national et international en mutation.

 

Une opposition éparpillée et vulnérable

 

Face au président sortant, l’opposition peine à parler d’une seule voix. Des figures connues comme Maurice Kamto (MRC), Cabral Libii (PCRN) ou Joshua Osih (SDF) sont de retour dans l’arène, mais leurs partis respectifs sont parfois traversés par des rivalités internes. Dans certains cas, des candidatures concurrentes émanant du même mouvement fragilisent la lisibilité de leur positionnement politique, alimentant le risque d’un émiettement de l’électorat contestataire.

 

Cette fragmentation pourrait s’avérer décisive dans un scrutin à un tour où le vainqueur est désigné à la majorité simple. Le manque de consensus autour d’un candidat unique de l’opposition laisse ainsi au président sortant un boulevard politique.

 

81 candidatures, entre expression démocratique et stratégie confuse

 

Avec 81 dossiers déposés, cette élection bat tous les records. Ce chiffre, s’il témoigne d’un certain enthousiasme politique, suscite aussi des interrogations. Plusieurs candidatures sont d’ores et déjà jugées non conformes aux exigences constitutionnelles, comme celle de Daloutou Hamada, jeune homme de 31 ans, alors que la loi impose un âge minimum de 35 ans pour se présenter à la présidence.

 

D’autres candidats moins médiatisés, comme Hilaire Macaire Nzipang ou Pierre Kwemo, misent sur la nouveauté pour se faire une place dans le paysage. Leur présence pourrait néanmoins passer inaperçue dans un océan de concurrents, où seuls quelques noms parviennent à capter l’attention du public.

 

Le retour de visages historiques

 

Parmi les candidatures les plus remarquées, celle de Bello Bouba Maïgari, ancien Premier ministre et vétéran de la politique camerounaise, marque un tournant. Longtemps allié du régime, il revient cette fois en solitaire. Son revirement laisse présager une volonté de rupture avec l’ordre établi, même si son poids électoral reste incertain.

 

D’autres partis anciens, comme l’UPC, se retrouvent également au centre des débats, avec une multiplication des candidats sous la même bannière, au risque d’affaiblir leur crédibilité. Le Manidem, quant à lui, s’aligne derrière Dieudonné Yebga, dans une stratégie de visibilité plus que de conquête.

 

Les femmes toujours peu représentées

 

Dans cette compétition dominée par les hommes, la présence féminine reste marginale. Quelques femmes ont toutefois tenté leur chance, dont Tomaïno Ndam Njoya, qui entend prolonger l’engagement politique de son défunt époux. Leur candidature, au-delà du symbole, révèle la lente progression de la représentativité féminine dans les hautes sphères politiques du pays.

 

Vers une sélection rigoureuse des candidatures

 

Le Conseil constitutionnel a désormais la tâche de filtrer les dossiers. Il dispose de 12 jours pour examiner la régularité des parrainages, la conformité aux critères d’éligibilité et les éventuelles irrégularités. Il est attendu que ce premier tri élimine une grande partie des candidatures les plus fragiles ou non conformes, ramenant le nombre des compétiteurs à une liste plus resserrée.

 

Alors que le compte à rebours est lancé, le Cameroun se trouve à la croisée des chemins. L’abondance des prétendants, reflet d’un certain pluralisme, masque à peine les faiblesses structurelles d’un système politique encore dominé par une figure présidentielle inamovible. La véritable question n’est peut-être pas de savoir qui est candidat, mais qui peut réellement prétendre incarner l’alternance.

 

Oura KANTÉ

Malikunafoni

 

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