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Mama Sampana, jeunesse leader à Djenné«Nous n’accepterons pas que l’Etat continue de nous ignorer»




Mama Sampana, un jeune marabout et leader d’association, lors de son séjour à Bamako, s’est prononcé sur la situation sécuritaire dans le cercle de Djenné. Selon lui, la population de Djenné se sent abandonnée par l’Etat.

Mama Sampana, en plus de son statut de marabout, est membre du Conseil local de la jeunesse de Djenné. Il est également un des soutiens phares des chasseurs (Dozos) dans le cercle de Djenné. Débout sur le front afin que son cercle, en proie de l’insécurité, puisse connaître la paix et la stabilité. Selon le natif de cette localité, la situation sécuritaire dans le cercle de Djenné est aujourd’hui effroyable. Composé de 12 communes qui sont : Djenné, Dandougou Fakala, Dérary, Fakala, Femaye, Kewa, Madiama, Néma Badenyakafo, Niansanari, Ouro Ali, Pondori et Togué Mourari. Presque toutes ces communes sont en proie à l’insécurité.

«Chaque jour, ce sont des villages qui sont attaqués. Les terroristes attaquent les paisibles citoyens, même dans les mosquées. Ils tuent, volent et détruisent des biens. Les personnalités sont leurs cibles principales. Elles sont tuées jusque chez elles. Parmi les 12 communes, seules Djenné et Ponderi sont fonctionnelles. Toutes les autres sont invivables à cause de l’insécurité», a-t-il déploré.

Mama estime que c’est tout Djenné qui ne fonctionne pas car même ceux qui sont dans la ville ont leurs biens dans les autres communes inaccessibles.

«Ces trois derniers mois, plus de 3000 bœufs ont été emportés par les terroristes. A Sirimou, un village situé à 5 kilomètres de Djenné, plus de 400 bœufs ont été emportés. Aujourd’hui, les agriculteurs ne peuvent pas aller dans leurs champs de peur d’être tués par les forces du mal. Le commerce est presque à l’arrêt. Aucun commerçant n’ose aller de commune en commune. La pêche aussi ne fonctionne plus. L’élevage est devenu difficile, car les terroristes sont en train de voler les animaux des populations. Tout est à l’arrêt. La famine est à notre porte. Nous ne sentons pas du tout l’Etat», a-t-il indiqué.

Les terroristes sont-ils de la localité ?

A en croire Sampana, ils ne connaissent pas l’identité des terroristes qui attaquent leurs localités. Ils sont venus leur imposer cette insécurité. D’après lui, ils ne parlent que la langue peulh. Mais il a tenu à préciser que dans le cercle de Djenné, il n’y pas de conflit intercommunautaire.

«Nous sommes victimes de l’insécurité imposée par les terroristes à cause de l’absence de l’État. À Djenné, il n’y as pas et ne peut pas avoir de conflit intercommunautaire. La jeunesse est soudée, elle est unie et travaille comme un seul homme. Tout ce dont nous souffrons aujourd’hui, c’est le refus de l’armée malienne de combattre les terroristes dans notre zone. Nous nous nous sentons abandonnés. C’est pourquoi, il y a une semaine, nous avons marché pour manifester notre mécontentement», a-t-il précisé.

«Les terroristes attaquent les populations sans que l’État qui est censé sécuriser les populations et leurs biens n’intervienne. C’est l’armée qui est censée nous sécuriser, mais ce n’est pas le cas chez nous, à Djenné. Notre sécurité aujourd’hui, nous la devons aux chasseurs qui, malgré leurs maigres moyens, se battent pour nous. Nous faisons appel à notre armée, mais elle n’intervient pas et c’est regrettable. Nous avons dénoncé ce comportement au cours de notre marche», a-t-il ajouté.

Pour la réussite de la lutte contre l’insécurité, il préconise la collaboration entre l’armée malienne et les chasseurs. Il estime qu’ils doivent travailler ensemble pour gagner cette lutte. Car pour lui, ces derniers sont des cultivateurs et des potentielles victimes. Et si la zone retrouve sa sécurité, dit-il, il est évident que les chasseurs retourneront dans leurs champs.

Par ailleurs, il a également demandé aux autorités de prendre aux sérieux la situation à Marrébougou, un village qui a fait l’objet d’attaque terroriste plus d’une dizaine de fois.

«C’est là où le danger peut provenir. Si les terroristes arrivent à dominer ce village, ils vont entrer à Djenné. C’est pourquoi, nous sollicitons l’installation urgente d’un camp militaire à Marrébougou. On n’aura la paix dans le cercle de Djenné que lorsqu’on aura un camp dans cette localité. Il faut que l’État songe à cela», a-t-il souhaité.

Selon lui, des doléances ont été soumises aux autorités lors de leur première marche. Des revendications qui, dit-il, sont légitimes car c’est leur plein droit de réclamer la sécurité. «Nous sommes sortis pour la première fois sans faire des casses ni des injures. Si nous ne sommes pas écoutés, nous allons encore sortir pour réclamer notre droit. Et si le gouvernement continue de faire la sourde oreille, nous allons bloquer la route nationale 15 à partir du carrefour de Djenné. Personne ne pourra rejoindre Bamako ou Mopti. Nous n’allons pas accepter que l’Etat continue de nous ignorer. Nous voulons la sécurité. La sécurisation des populations et leurs biens reviennent à l’Etat, et non aux chasseurs». A-t-il prévenu.

Moussa Sékou Diaby

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