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Lutte contre la délinquance financière : Le procureur Touré prône le recouvrement des avoirs détournés


« Il faut privilégier le recouvrement sur l’emprisonnement », affirme le procureur Idrissa Hamidou Touré. Chef du parquet du Tribunal de grande instance de la Commune IV de Bamako, il alerte sur les dérives et les limites actuelles de la lutte contre la délinquance économique et financière au Mali.

 

le procureur Idrissa Hamidou Touré livre un regard critique mais lucide sur le système malien de lutte contre la corruption et le détournement de deniers publics. Pour lui, l’efficacité ne se mesure pas à la longueur des peines de prison, mais à la capacité de l’État à recouvrer les fonds spoliés.

 

Depuis 2020, le Mali s’est doté d’un arsenal juridique et institutionnel visant à lutter contre la délinquance financière. Parmi les structures impliquées figurent l’Oclei, la Centif, le Vérificateur général, les pôles judiciaires spécialisés, sans oublier le Pôle économique et financier du Tribunal de la Commune III. « C’est une entité du tribunal, avec un parquet autonome, dédié exclusivement aux affaires économiques », explique le magistrat.

 

Mais cette multiplicité d’organismes, selon lui, souffre d’un manque de coordination, voire de chevauchements de compétences. « Certaines structures devraient être supprimées pour éviter les doublons et économiser sur des budgets lourds et parfois peu productifs », suggère-t-il. Il dénonce aussi un manque de bilan clair : « A-t-on mesuré leur impact réel ? A-t-on récupéré les biens détournés ? »

 

Idrissa Hamidou Touré s’indigne également de certaines dérives : règlements de comptes sous couvert d’intégrité, procédures biaisées, juges mal formés à la matière financière. « Beaucoup de magistrats ne maîtrisent pas les écritures comptables. Il faut spécialiser les postes, comme cela commence à se faire avec les Masters en finances publiques, droit numérique ou lutte contre le terrorisme », insiste-t-il.

 

Enfin, le procureur remet en question l’approche punitive actuelle. Inspiré du modèle américain, il plaide pour des solutions pragmatiques. « L’enjeu, c’est le recouvrement. Ce que le peuple veut savoir, c’est combien on a pu récupérer, pas combien de personnes on a jetées en prison. » Pour lui, un changement de paradigme est urgent afin que la lutte contre la corruption soit véritablement au service du bien public.

Par

Oura KANTÉ

Malikunafoni

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