Denrées alimentaires : Une baisse de 50% sous forme de subvention
Le marché international est caractérisé par une augmentation du cours mondial de la plupart des denrées alimentaires consécutive à la reprise des activités économiques post-covid 19 ayant entraîné une hausse généralisée de la demande par rapport à l’offre.
Face à ces augmentations, le gouvernement du Mali a consenti une baisse de 50% de la base taxable sous forme de subvention à l’importation de 300 000 tonnes de riz, 60 000 tonnes de sucre et 30 000 tonnes d’huile alimentaire correspondant à deux mois et demi de consommation nationale.
L’information a été donnée par le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mahmoud Ould Mohamed,lors d’un point de presse qu’il a donné le vendredi 8 avril dans la salle de conférence de son département, pour édifier les populations sur les causes des augmentations et les réponses apportées par le gouvernement pour atténuer leurs effets.
Dans son propos liminaire, pour certains produits,reconnaît le ministre Mahmoud Ould Mohamed,les prix ont effectivement augmenté, mais pour d’autres, ils sont restés stables grâce aux efforts du gouvernement et de tous les acteurs économiques.
Selon le conférencier, pour mieux analyser l’évolution des prix, il y a lieu de distinguer 3 catégories de produits, à savoir les produits majoritairement importés : le riz, le sucre, le lait, le blé-farine et l’huile alimentaire ; les produits de contresaison comme les légumes, les fruits et les tubercules alimentaires et les cultures saisonnières notamment les céréales locales : le mil, le riz gambiaka, le sorgho et le maïs.
Il a rappelé que le marché international est caractérisé par une augmentation du cours mondial de la plupart des denrées alimentaires consécutive à la reprise des activités économiques post-covid 19 ayant entraîné une hausse généralisée de la demande par rapport à l’offre. Ainsi, le prix CIF Dakar (la valeur de la marchandise avec les frais éventuels d’emballage plus les frais de transport et l’assurance éventuelle) de la tonne de riz brisé 100% est passé de 225 000 Fcfa à 270 000 Fcfa, soit une augmentation de 45 000 Fcfa.
Pour le sucre, le prix fournisseur de la tonne est passé de 275 000 Fcfa à 370 000 Fcfa, soit une hausse de 95 000 Fcfa.S’agissant de l’huile de palme importée de Côte d’Ivoire, le prix fournisseur de la tonne qui s’établissait en 2020 à 784 000 Fcfa est revenu en 2022 à 900 000 Fcfa, soit un accroissement de 116 000 Fcfa. Au même moment, le fret maritime a augmenté de 20% entre 2020 et 2022.
Selon le ministre Mahmoud Ould Mohamed, face à ces augmentations, le gouvernement a consenti une baisse de 50% de la base taxable sous forme de subvention à l’importation de 300 000 tonnes de riz, 60 000 tonnes de sucre et 30 000 tonnes d’huile alimentaire correspondant à deux mois et demi de consommation nationale. Il dira que cette subvention n’avait pas pour but de diminuer effectivement les prix à la consommation, mais plutôt d’atténuer leur hausse car les droits et taxes exonérés au cordon douanier n’arrivent pas à compenser les augmentations intervenues sur les prix fournisseurs.
Ainsi, pour des augmentations du prix fournisseur de l’ordre de 45 000 Fcfa la tonne du riz brisure, 95 000 Fcfa la tonne du sucre et 116 000 Fcfa celle de l’huile de palme, l’Etat a renoncé à percevoir au cordon douanier des droits et taxes évalués respectivement à 32 000 Fcfa, 49 800 Fcfa et 48 720 Fcfa, a ajouté le ministre de l’Industrie et du Commerce.
Afin de rendre accessibles aux populations les produits subventionnés, il a souligné que son département a entrepris des consultations avec les principaux importateurs et les membres du conseil national des prix pour la détermination des prix consensuels sur la base de l’analyse des structures des prix des produits subventionnés.
À l’en croire, ces consultations ont abouti à la signature d’un cahier des charges déterminant les conditions d’importation et de distribution des produits exonérés. Les prix indicatifs plafonds ont ainsi été réglementés par l’arrêté n°2022/0865/MIC-SG du 06 avril 2022, a fait savoir le conférencier.
Il a indiqué que pour s’assurer du respect de ces prix, les brigades économiques de la direction générale du commerce et de la concurrence (DGCC), appuyées par les forces de sécurité, sont déployées quotidiennement sur les marchés pour sanctionner les auteurs d’éventuelles infractions à la réglementation. Tout en soulignant qu’au cours de la semaine passée, il y a eu beaucoup de polémique autour des prix des légumes et autres produits saisonniers, qui n’en valaient pas la peine.
À ses dires, les produits saisonniers sont des cultures de contresaison durant laquelle période leur disponibilité est abondante. Présentement, sur les marchés de légumes, les produits maraîchers, la pomme de terre et autres tubercules alimentaires sont à des prix abordables au point que des producteurs cèdent à vil prix leur production, a précisé le ministre de l’Industrie et du Commerce.
S’agissant des céréales, il dira que l’augmentation des prix est consécutive à la faiblesse de la production céréalière résultant de l’arrêt précoce de la pluviométrie et de l’insécurité dans les zones de production ayant empêché le déroulement normal des travaux champêtres. Pour sécuriser la production disponible issue de cette campagne décevante, le gouvernement a pris la mesure de suspendre les exportations jusqu’à nouvel ordre, a informé le conférencier, indiquant que cette mesure a conforté l’offre de céréales sur le marché national, atténuant du coup l’amplitude des augmentations de prix.
Le conférencier a aussi informé que d’autres mesures sont en cours pour anticiper les impacts de la campagne agricole décevante sur la sécurité alimentaire des populations rurales notamment. Il s’agit de l’adoption par le gouvernement d’un plan d’urgence axé autour de l’achat de 200 000 tonnes de riz par le commissariat à la sécurité alimentaire pour lesquelles des ventes d’intervention et des distributions gratuites seront organisées pendant la période de soudure afin de stabiliser les prix à la consommation.
Par ailleurs, le ministre Mahmoud Ould Mohamed a souligné qu’à l’amorce du mois de ramadan, la tradition a été respectée. « Malheureusement, constant effectivement des fluctuations de prix de la plupart des denrées alimentaires. Cette situation, dit-il, liée à un changement des habitudes de consommation alimentaire, était tout à fait normale du point de vue économique en période de ruée des consommateurs sur les produits entraînant du coup une augmentation brusque de la demande ».
Selon le conférencier, cette réaction passagère du marché ne présage aucune imperfection mais plutôt une dynamique des structures de l’offre qui s’adaptent bien à la demande. « Des produits autres fois peu consommés tels que gingembre, bissap, citron voient leur demande explosée durant le Ramadan », a-t-il ajouté. Tout en soulignant que « ces augmentations n’ont pas que des effets négatifs, elles permettent aussi d’assurer un revenu à des couches sociales notamment les femmes évoluant dans l’informel et cela participe à la lutte contre la pauvreté. »
Source : Le Reporter par Diango COULIBALY
Comments