Désinformation à l’école : un défi urgent pour l’éducation nationale au Mali
- malikunafoninet
- 28 mai
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Face à l’explosion des fausses nouvelles et contenus manipulatoires sur les réseaux sociaux, le système éducatif malien est en alerte. Enseignants, fact-checkeurs et experts plaident pour l’introduction de l’éducation aux médias dans les programmes scolaires.
« Ces nouvelles armes numériques peuvent détourner les valeurs éducatives, créer des tensions dans les écoles et nuire à l’apprentissage », alerte Koumba Coulibaly, fact-checkeure engagée dans la sensibilisation des jeunes. Elle déplore un environnement scolaire de plus en plus exposé à la désinformation, particulièrement sur les réseaux sociaux, où prolifèrent discours haineux, théories complotistes et manipulations historiques.
Aujourd’hui, les jeunes Maliens grandissent dans un univers numérique fragmenté, où YouTube, Facebook, TikTok ou WhatsApp remplacent parfois les livres ou les enseignants. Une réalité à laquelle l’école n’a pas encore su s’adapter. Résultat : une jeunesse vulnérable, souvent incapable de distinguer une information fiable d’un contenu fallacieux.
Pour Mohamed Attaher, enseignant à l’École de Journalisme et des Sciences de la Communication de Bamako, la solution est claire : « L’éducation aux médias doit être intégrée aux programmes. Les élèves doivent apprendre à distinguer une source fiable, à comprendre l’impact de l’information sur l’opinion publique. Sans cela, ils restent exposés et manipulables. »
Le rapport des États Généraux de l’Éducation (2024) révèle pourtant une légère amélioration des taux de scolarisation, mais sans impact direct sur la culture numérique des élèves. Or, selon Soumeila Hamma Maïga, enseignant au fondamental, « l’EMI renforcerait les compétences transversales des élèves, comme l’analyse critique, l’identification des sources, et la compréhension du rôle des médias. »
L’Unesco, consciente des risques, a publié des directives encourageant l’introduction de l’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI) dans les écoles africaines. Mais au Mali, la démarche peine à s’imposer malgré l’urgence.
Mahamane Mariko, juriste, va plus loin. Pour lui, « la désinformation porte atteinte aux principes constitutionnels. Elle menace la dignité, l’intégrité morale et la cohésion nationale. »
Entre propagande, manipulation et fausses nouvelles, l’école malienne se retrouve en première ligne d’un combat numérique complexe. Pour y faire face, enseignants et spécialistes appellent à une réforme en profondeur des manuels et à une formation massive des élèves à l’esprit critique. Un chantier éducatif devenu aujourd’hui une urgence nationale.
Par
Oura KANTÉ
Malikunafoni
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