Cour pénale internationale : une justice universelle à l’épreuve du réel
- malikunafoninet
- 27 mai
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« La justice internationale n’est pas parfaite, mais elle reste notre meilleur rempart contre l’impunité », affirme un responsable onusien rencontré lors d’un colloque à La Haye consacré aux 25 ans de la Cour pénale internationale (CPI).
La Haye (Pays-Bas) – Alors que la planète est secouée par des conflits majeurs, comme en Ukraine ou à Gaza, la promesse d’une justice pénale universelle semble vaciller. En immersion au siège de la CPI, nous avons pris le pouls d’une institution qui incarne un idéal… mais qui peine à s’imposer face aux logiques de puissance.
Créée en 2002, la CPI a pour mission de juger les auteurs des crimes les plus graves : crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocides. Mais dans un monde polarisé, son action reste minée par les intérêts géopolitiques. Le cas de Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt en 2023 pour la déportation d’enfants ukrainiens, a marqué un tournant. Pourtant, cette décision historique révèle aussi les limites criantes de la Cour : absence de compétence territoriale en Russie, dépendance à la coopération des États, et critiques sur le déséquilibre dans le traitement des parties en conflit.
Même constat à Gaza, où la CPI enquête depuis 2021 sur des violations présumées du droit international humanitaire. Les bombardements israéliens, massivement dénoncés, et les crimes imputés au Hamas n’ont pour l’instant débouché sur aucune mise en accusation concrète. Les lenteurs de la procédure, doublées de pressions diplomatiques – notamment américaines –, alimentent un sentiment d’injustice sélective.
Autre talon d’Achille : l’absence de bras armé. Sans force propre, la CPI dépend du bon vouloir des États pour arrêter les suspects. Résultat : les mandats restent souvent lettre morte. L’Afrique du Sud, par exemple, a menacé de se retirer du Statut de Rome pour ne pas avoir à arrêter Poutine lors du sommet des BRICS.
Malgré ces obstacles, la CPI conserve une portée symbolique majeure. Elle rappelle que l’impunité n’est plus une fatalité. Mais pour espérer peser face aux crimes les plus graves, certains rêvent d’un « État-Justice » mondial, doté de moyens coercitifs et affranchi des jeux d’influence. Une idée séduisante, mais pour l’heure reléguée au rang d’utopie.
Dans les couloirs feutrés de La Haye, on l’admet volontiers : la CPI n’est ni parfaite ni toute-puissante. Mais elle demeure une pièce essentielle dans la lutte globale pour la justice et la dignité humaine.
Par
Oura KANTÉ
Malikunafoni
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