Amadou Bah Oury, PM guinéen : "l'objectif principal pour l'année 2024, c'est l'organisation du référendum constitutionnel à la fin de l'année"
- malikunafoninet
- 21 juil. 2024
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Dans une interview exclusive accordée à Boubacar Diallo, notre correspondant à Conakry, il évoque le retour à l'ordre constitutionnel, la sortie des pays de l'AES (l’Alliance des États du Sahel) de la CEDEAO et ses relations avec le général Mamadi Doumbouya.
Le Premier ministre guinéen parle également de la crise énergétique qui secoue actuellement son pays.
La situation semble se dégrader. Beaucoup de ménages aujourd'hui n'ont pas accès à l'électricité que cinq heures par jour.
Premièrement, vous savez que nous avons enregistré l'explosion du dépôt de carburant au mois de mai au mois de décembre dernier. Ensuite, la situation des finances publiques n'était pas du tout satisfaisante, ce qui a impacté les capacités du gouvernement dans la mise en œuvre de certaines de ses obligations.
Nous avons perdu très rapidement plus de cent mégawatts de capacité de desserte.
L'objectif du gouvernement est de faire en sorte que d'ici l'année prochaine, la Guinée sorte définitivement de la situation de pénurie d'électricité.
Six médias sont toujours suspendus malgré des échanges que vous avez eu avec les responsables de presse et votre promesse que la situation allait revenir à la normale. Pourquoi rien n'a changé jusqu'à présent ?
ABO : Beaucoup de choses ont changé. J'ai été nommé à la fin du mois de février 2024. Le 06 mars, j'ai invité les hommes et les femmes, qui gèrent les médias, à une première rencontre pour m'enquérir de la situation qui prévaut dans ce secteur, pour chercher une solution pour une normalisation des relations entre certains médias et la puissance publique.
Le 02 mai, après avoir eu l'accord du président de la République sur la normalisation, j'ai réinvité les mêmes acteurs pour leur dire, la situation va se normaliser.
A quand le retour à l'ordre constitutionnel en Guinée ?
ABO : D'ores et déjà, on l'a dit et redit, l'objectif principal pour l'année 2024, c'est l'organisation du référendum constitutionnel à la fin de l'année. Lorsque ceci sera fait, cela veut dire que nous avons un fichier électoral qui permettra de servir pour l'organisation des autres élections, qu'elles soient communales, législatives ou présidentielles. Comment aller aux élections si on n'a pas un fichier électoral? Certains disent, « utilisons le fichier que nous a légué le précédent régime ». Le fichier que nous a laissé en héritage le précédent régime était déjà fortement contesté. Contesté par la population dans sa très grande majorité, contestée par des organisations internationales comme l'OIF. Vous voulez qu'on utilise, ce qui a mis notre pays dans une situation explosive
La Guinée est membre de la CEDEAO et trois autres pays dirigés par des militaires ont annoncé leur retrait du bloc régional. Comment cette situation est perçue du côté guinéen ?
ABO : La Guinée a de bonnes relations avec la CEDEAO. Le président de la Commission était à Conakry et nous l'avons reçu et nous avons tiré au clair pour ramener au beau fixe les relations entre notre pays et la CEDEAO.
Les organisations sous régionales peuvent permettre à des États de manière beaucoup plus limitée, de se retrouver pour mutualiser leurs efforts et leurs actions pour la résolution d'un aspect principal. La question sécuritaire est un aspect principal qui concerne le Niger, le Mali et le Burkina Faso. Il est tout à fait compréhensible que ces pays cherchent les voies et moyens de mutualiser leurs efforts pour endiguer la montée du djihadisme et du terrorisme dans leur pays. Mais à notre avis, ça ne devrait pas être un élément qui les amènerait à s'éloigner de l'organisation régionale.
ABO : Les autorités guinéennes, à l'heure actuelle, veulent aller dans le sens de la restauration, de la paix et de la stabilité sur l'ensemble de l'Ouest africain et le général du corps d'armée Mamadi Doumbouya est mobilisé pour contribuer à trouver des espaces de médiation entre les différents pays de manière bilatérale ou de manière beaucoup plus large, pour que la coexistence, l'entente puissent prévaloir sur toute considération dans notre espace régional.
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